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Les mille rêves de Stellavista

Ignasi Abali, Stanley Brouwn, Daniel Buren, Clino Castelli, Delphine Coindet, Dunne and Raby, Michel François, Peter Friedl, Tamar Guimaraes, Susan Hiller, Sherrie Levine, Chloé Maillet and Louise Hervé, Gianni Pettena, R(&)Sie(n).

Du Dimanche 16 Octobre au Dimanche 5 Février 2012


Commissaires associés : Berdaguer et Péjus

Pour Les mille rêves de Stellavista (1), la synagogue de Delme s'associe au duo d'artistes Berdaguer et Péjus et conçoit une exposition collective autour des fantômes, rassemblant une quinzaine d'artistes, designers et architectes de tous horizons. L'exposition s'inscrit en amont de Gue(ho)st House, Commande Publique du Ministère de la Culture à Delme, confiée à Berdaguer et Péjus. Cette commande a pour vocation le réaménagement des abords du centre d'art et la création d'un espace d'accueil des publics (inauguration prévue : été 2012).

Dans l'exposition Les mille rêves de Stellavista les oeuvres font office de points de passage, à la croisée de diverses temporalités, passés plus ou moins proches et futurs en devenir, elles agissent comme des seuils, des portes ouvertes sur la mémoire d'autres lieux, d'où émergent ça et là nos propres fantômes. Que ce soit en littérature ou au cinéma, l'imaginaire contemporain est traversé par les fantômes, quand chaque nouvelle technologie amène sa part de revenants et d'irrationnel. Il va de soi que ces figures, plus ou moins informes, plus ou moins visibles, tour à tour effrayantes ou bienveillantes, se prêtent à de fructueuses images où la science et la fiction s'entremêlent et floutent leurs limites respectives.

Quand le designer Clino Castelli reprend les plans de la maison dessinés par Wittgenstein pour sa soeur, il y révèle les vibrations de l'air et les forces invisibles, en jeu dans l'habitation. Chez François Roche, l'architecture se définit également par des paramètres immatériels, dans ce qu'il nomme '' l'architecture des humeurs ''. Et pour les designers Dunne et Raby, c'est de l'humeur des objets domestiques dont il est question, avec une série de robots aux psychologies variées : anxiété, hyperactivité, goût pour le calme ou faiblesse apparente viennent remplir l'espace de sentiments diffus.

Les oeuvres disparaissent, affleurent à la surface des murs ou au contraire en constituent des excroissances stratifiées, elles sont fugaces, faites de poussières, arrachées à l'oubli tant bien que mal. Une vidéo de Susan Hiller fait bruisser des langues mortes, ou en voie de disparition, dans une collecte de mondes qui se meurent, en même temps que les langues qui les portent. Ces voix de l'au-delà se mêlent à quelques figures artistiques et intellectuelles, ressuscitées pour l'occasion : le philosophe Antonio Gramsci dans l'installation de Peter Friedl, le médium psychographe Chico Xavier dont Tamar Guimaraes nous évoque l'incroyable trajectoire, ou encore le photographe Walker Evans que Sherrie Levine rephotographie en créant un jeu de strates temporelles et de mises en abyme. Plus loin, quelques fantômes cinématographiques ponctuent l'exposition à travers des plaques de fantasmagories, qui dès le XVIIème siècle servirent à animer des images pour des spectacles populaires.

Enfin à l'entrée, le visiteur est accueilli par l'oeuvre de Michel François, intitulée Pièce à conviction, qui consiste en un pavillon de verre entièrement brisé. Tel un rêve fracturé, ce volume de verre nervuré, vivant et pourtant prêt à s'effondrer, agit comme un prisme au coeur de l'exposition : comme si à l'idéale transparence il fallait opposer une vision plus opaque et quelques replis où se cacher, un champ ouvert à l'incertitude, dans un univers parfaitement balisé et connu.

(1) Le titre de l'exposition fait référence à une nouvelle de Ballard du même nom : l'auteur y évoque une ville étrange où les maisons gardent en mémoire la psychologie des habitants successifs. Ces maisons continuent à réagir et à se transformer au gré des affects de leurs propriétaires, comme si elles étaient les extensions physiques de leurs humeurs.

Marie Cozette

 

 

Ignasi Aballi​

Dans les années 1990, Ignasi Aballi se détourne de la peinture en tant que telle pour développer une démarche plus conceptuelle : il commence ainsi à peindre avec la trace laissée par la lumière sur le papier, abandonnant outils et mode de représentation traditionnels et suggère les objets par l’absence et la trace bien plus que par une évocation directe.

C’est aussi le temps qu’il rend tangible, comme avec Pols, l’œuvre présentée dans l’exposition, qui consiste en une mince couche de poussière permanente, recouvrant une des fenêtres de la synagogue. Volatile, éphémère, invisible, la poussière s’accumule soudain comme pour solidifier le temps, et rend la perception à travers la fenêtre définitivement opaque.

 

Stanley Brouwn​

Depuis les années 1960, Stanley Brouwn rejette toute forme de médiatisation de son travail. Pas de texte, de catalogue ou d’interview, aucune image ou représentation de ses œuvres. 

Si la radicalité de sa démarche peut paraître à la limite de l’évanescence, elle s’inscrit pourtant dans une réalité bien physique : c’est le corps et l’artiste lui-même qui deviennent unités de mesure (pieds, coudées, pouces…) et ce qu’il nomme les « unités brouwn » lui permettent de repenser l’espace à sa mesure. Ses premières œuvres dans les années 60, intitulées This way Brouwn consistent à demander aux passants de lui dessiner le chemin pour aller d’un point à un autre. Ainsi les graphes subjectifs qu’il récupère recréent-ils la ville du point de vue de chaque individu. 

Stanley Brouwn met en doute l’objectivité des systèmes de mesure, qui agissent comme des normes régissant notre appréhension du monde. L’œuvre présentée dans l’exposition appose le long du sol et du mur de la synagogue deux barres respectivement d’un mètre et un pas, deux étalons… et déjà deux manières d’envisager le monde.

 

Daniel Buren​

A partir de 1965, Daniel Buren systématise l’usage d’un motif constitué d’une alternance de bandes verticales blanches et colorées de 8,7 cm de large. Ce qu’il nomme « outil visuel » est aussi une manière de porter un regard critique sur les musées et les institutions artistiques. Dès 1968, il réalise des affichages sauvages, fait déambuler des hommes-sandwichs portant des panneaux de rayures dans les rues de Paris, s’inscrivant à l’époque dans un mouvement artistique plus large tendant à sortir l’art des musées et des galeries. Avec les « cabanes éclatées », Buren développe un travail en volume et interroge le rapport entre l’art et l’architecture, dans lequel l’espace est fragmenté et démultiplié. Depuis plus de quarante ans, l’artiste applique ses rayures dans tous les lieux qu’il investit.

En 1997, Daniel Buren conçoit à la synagogue de Delme une exposition intitulée Glissement de la lumière sur la couleur, de la couleur dans la lumière, d’une couleur sur l’autre. En 2011 Les mille rêves de Stellavista permet de révéler un fantôme de son exposition passée, resté enfoui dans la mémoire du bâtiment.

 

Clino Castelli

Designer et théoricien, il fut un des premiers à penser l’environnement sensoriel et l’identité émotionnelle des produits. Après un diplôme en design automobile, il travaille chez Fiat à Turin en 1961 puis avec Sottsass chez Olivetti. De 1969 à 1973, il réalise l’identité graphique de la marque. Dès 1974, via le studio Castelli Design, il développe de nouvelles formes de design industriel. En 1978, il fonde Colorterminal IVI, le premier centre européen de recherche sur la couleur et le design. En 1999, il crée le Trini Team spécialisé dans le domaine de la communication visuelle, tandis qu’en 2000 il fonde le Qualistic Lab pour le développement et l’application du « branding émotionnel » ou comment insuffler à un produit une personnalité et une identité propre.

Il collabore à de multiples revues et magazines internationaux de design et enseigne dans de nombreuses écoles et universités dans le monde entier.

Le diagramme doux de Gretl est un dessin prêté par Clino Castelli spécialement pour l‘exposition. Castelli révèle « les structures soft », courants d’air et énergies invisibles, qui sont en jeu dans la maison que le philosophe Ludwig Wittgenstein construit pour sa sœur Margaret en 1927. Le choix des plans de la maison construite par le philosophe n’est pas anodin, tant le geste architectural constitue aussi un véritable « travail sur soi-même».

 

Delphine Coindet​

Delphine Coindet développe un travail de sculpture singulier dont les jeux de couleurs, de matières et de formes l’éloignent du courant abstrait et minimal auquel on pourrait la rattacher au premier abord. Ses sculptures, réalisées dans des matériaux synthétiques (résines, plexiglas…), ont l’aspect lisse et parfaitement fini d’images de synthèses travaillées sur ordinateur. C’est justement cette dimension d’artifice qui constitue la part la plus énigmatique de son travail. Si ses œuvres peuvent faire penser à des prototypes d’objets de design, potentiellement fonctionnelles, elles restent définitivement obscures, paradoxales et ambigües, comme le titre de l’œuvre présenté dans l’exposition le résume à sa manière : X.

Une exposition personnelle de Delphine Coindet, New Barroco, a été présentée à la synagogue de Delme en 2003.

 

Dunne & Raby​

Dunne & Raby utilisent le design pour stimuler échanges et débats entre designers, monde de l’industrie et public, autour des implications sociales, culturelles et éthiques des technologies actuelles et émergentes. Plusieurs de leurs projets appartiennent à des collections de musées tels que le MOMA à New York, le Victoria & Albert Museum à Londres ou le FRAC Ile de France. En 2001, ils développent une série d’objets intitulée Placebo, dont les formes familières cachent à peine l’indétermination de la fonction. Ces objets qui réagissent aux ondes électromagnétiques semblent développer une vie secrète et des affects propres. Les prototypes présentés à Delme appartiennent à la série Technological Dreams. Il s’agit de quatre robots domestiques, chacun dotés d’une psychologie particulière : anxiété, hyperactivité, goût pour le calme ou faiblesse apparente, à même de conforter le sentiment de contrôle de son propriétaire.

 

Michel François

Au sujet de Michel François on évoque immanquablement la sculpture, mais une sculpture qui met en jeu une multiplicité de supports et de formats, vidéo, installation, objets, dessins… et qui renvoie au réel davantage sur le mode de l’indice que de la référence frontale. 

Citons par exemple, parmi les nombreuses réalisations de l’artiste : les Psycho Jardins, paysages mentaux recomposés à partir de paysages bien réels, que cet artiste curieux du monde qu’il parcourt, transpose dans l’espace d’exposition. Déjà-vu (hallu) est une vidéo qui dédouble le mouvement d’une feuille d’aluminium froissée, comme la recomposition d’un test de rorschach en mouvement. 

Michel François a réalisé depuis quelques années plusieurs pavillons de verre, sortes d’espace en creux, partiellement brisés ou recouvert de pâte à modeler jetée sur la surface, traces de gestes violents, mais dont l’auteur reste invisible et absent. Les pavillons traduisent la tension souvent en jeu chez Michel François entre ordre et chaos, monumentalité et fragilité. Piece of evidence (pièce à conviction) fait partie de cette série et consiste en un pavillon entièrement brisé, comme prêt à s’effondrer. 

 

Peter Friedl​

Après avoir accompagné les avant-gardes théâtrales dans les années 80 en tant que critique, Peter Friedl devient lui-même artiste dans les années 90, tout en continuant à produire de nombreux textes d’analyse et de recherche qui font partie intégrante de sa pratique, résolument discursive et conceptuelle. 

Peter Friedl est inclassable formellement mais fait preuve d’un engagement et d’une conscience politique aigus, où la forme est mise au service d’une réflexion plus large sur la nature des hégémonies politiques et culturelles dans la société contemporaine. Ses œuvres sont le résultat d’une déconstruction des contextes dans lesquels il est amené à travailler, et il porte une attention toute particulière à ce qui peut relever de formes ou de langages considérés comme subalternes et mineurs. 

L’œuvre présentée dans l’exposition est un hommage à Antonio Gramsci (1891 – 1937), intellectuel et fondateur du parti communiste italien, emprisonné sous le régime mussolinien et décédé quelques jours après sa sortie de prison. Peter Friedl est un lecteur attentif de l’écrivain qui a développé une théorie de l’hégémonie culturelle comme moyen du maintien de l’Etat dans une société capitaliste. L’œuvre se compose d’une bande de peinture aluminium de 1,51 m de haut, qui court sur tout un pan de mur de l’exposition. Sa hauteur est déterminée par la taille de l’écrivain.

 

Tamar Guimaraes​

Tamar Guimaraes travaille à partir d’images qu’elle réalise elle-même, mais aussi à partir de documents historiques, d’archives publiques ou privées. Elle entrelace la petite et la grande histoire, et tend à révéler dans l’histoire officielle certaines parts d’ombre. Les narrations qu’elle met en jeu brouillent à dessin la frontière entre documentaire et fiction. Dans le diaporama intitulé A Man called Love, Tamar Guimaraes évoque la biographie du medium psychographe brésilien Chico Xavier (1910 – 2002). Sous l’influence et la dictée d’un esprit, celui-ci a produit plus de 400 ouvrages de sagesse et de spiritualité. Tamar Guimaraes fait un lien entre l’immense popularité de cet homme et le contexte politique brésilien de l’époque, reliant implicitement le développement du spiritisme à l’émergence des utopies socialistes avant la dictature que commence à traverser le pays à partir de 64.

 

Louise Hervé et Chloé Maillet

En 2001, Louise Hervé et Chloé Maillet créent l’I.I.I.I., International Institute for Important Items, avec pour objet l’encouragement, la défense, la promotion de projets scientifiques, littéraires, cinématographiques, dramatiques, éthiques, philosophiques, historiographiques, dont la valeur intellectuelle est mésestimée. Pour ce faire, elles conçoivent des performances didactiques, des émissions radiophoniques, des livres, et des moyens métrages. 

Pour Les mille rêves de Stellavista, elles présentent une performance qui est également un avant-goût de l’exposition personnelle que le centre d’art leur consacre de mars à mai 2012. Elles confronteront science et para science, prestidigitateurs et démonologues, tout en évoquant l’hypnose, et l’auto-hypnose, mise en œuvre par le fameux docteur Coué. 

 

Susan Hiller​

Susan Hiller est une des artistes majeures de la scène anglaise. Son travail explore la mémoire individuelle ou collective, la question du témoignage, le rêve, les mythes anciens et les rituels, notre rapport à l’inconscient et à l’irrationnel, qui sont pour elle autant d’outils de connaissance et de compréhension du monde. Ses vidéos, installations, photographies ou pièces sonores puisent dans des cultures populaires ou beaucoup plus éloignées de nos champs de référence habituels. L’écriture automatique, l’analyse des rêves, les phénomènes de voix électroniques, les photographies d’aura traversent des œuvres qui tendent à rendre perceptible l’invisible, l’inaudible, la périphérie de la perception commune. 

Le film The last silent movie (2009) fait entendre une succession de langues en voie d’extinction ou déjà disparues. Seuls les enregistrements sonores glanés aux quatre coins de la planète restent, fragile mémoire de mondes à présent engloutis.

 

Sherrie Levine

Aux côtés d’artistes tels que Barbara Kruger ou Richard Prince, Sherrie Levine fait partie du mouvement « appropriationniste » qui se développe au Etats-Unis dans les années 1970. Elle remet en cause les fondements de l’art moderne que sont la recherche de l’avant-garde, l’originalité et l’unicité de l’œuvre d’art, en rephotographiant des oeuvres emblématiques du XXème siècle, telles que des peintures de Cézanne, des photographies de Man Ray ou encore des collages de Matisse. 

Dans la série After Walker Evans (d’après Walker Evans), qui a participé à la reconnaissance de son travail, Sherrie Levine reproduit à l’identique des clichés du photographe, célèbre pour ses images de l’Amérique rurale pendant la Grande Dépression.

 

Gianni Pettena

Architecte, théoricien, et commissaire d’exposition, Gianni Pettena est un des tenants de l’architecture radicale italienne dans les années 60 et 70, remettant en cause les fondements de l’architecture telle qu’elle est enseignée dans les écoles à cette époque. 

La pratique de Pettena est proche de certains artistes comme Gordon Matta-Clark qui intervient sur des maisons avant destruction, en les sculptant littéralement et en y creusant des formes. On peut également le rapprocher de Robert Smithson que l’ont connaît pour ses interventions sur le paysage et le principe de lente destruction à laquelle sont vouées ses œuvres par l’effet de la nature.  

Ice House 1, Mineapolis  est en quelque sorte à la croisée de ces pratiques. En 1971, Pettena recouvre intégralement d’eau le bâtiment d’une école. Celle-ci gèle pendant la nuit et se transforme en un monumental volume de glace : l’architecture devient sculpture et ne fait plus qu’un avec le paysage qui l’entoure. La photographie montrée dans l’exposition garde ainsi la trace unique de cette performance.

 

R&Sie(n)

« Leurs projets architecturaux à la fois organiques, biologiques et critiques tentent d’articuler le lien réel et/ou fictionnel entre les situations géographiques et les structures narratives qui sont à même de les transformer. 

R&Sie(n) déplient ses protocoles via une re-scénarisation des relations aux différentes natures contemporaines ; esthétiques, machinistes, biologiques, computationnelles, voir artificielles. Ils utilisent des spéculations, des fictions comme stratégies opératives pour désaliéner les modes opératoires et pour infiltrer la “media-culture” afin d’en corrompre les conventions. Ils considèrent l’identité architecturale comme émanant de principes d’incertitudes, défini au travers de process et de formes provisoires dans lesquelles l’animisme, le vitalisme, le machinisme deviennent des vecteurs de mutations dynamiques. »