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Schizophonie

Lawrence Abu Hamdan, Latifa Echakhch, Sharon Hayes, Hiwa K, Franck Leibovici, Eileen Simpson and Ben White (Open Music Archive), Adrian Piper, The Otolith Group.

Du Mercredi 25 Septembre au Dimanche 16 Février 2014


COMMISSAIRES INVITES : ANNA COLIN ET SAM THORNE

 

Schizophonie explore les histoires de la musique, du son et de la voix, telles que relues et écrites0 par des artistes. De la partition géopolitique de Latifa Echakhch aux leçons de funk d'Adrian Piper, en passant par le concert du groupe formé à Delme par Hiwa K, les œuvres présentées dans Schizophonie s'attachent à dessiner diverses généalogies musicales et phoniques. Aussi, les artistes invités ont en commun leur intérêt pour l'archive sonore : ils collectent, réaniment et génèrent des enregistrements - soient-ils marginaux, populaires, politisés ou encore dormants - tout en s'interrogeant sur les modalités de leur circulation.

Le titre de l'exposition reprend le terme inventé par le compositeur et théoricien canadien R. Murray Schafer pour décrire la '' scission entre un son original et sa transmission ou sa reproduction électroacoustique ''. Dans son ouvrage Le paysage sonore (1969), Murray Schafer explique que la schizophonie '' implique simultanément des questions liées à la musique, à l'argent, à la géographie, au temps, à la race et à la classe sociale. ''     Il mentionne encore qu'il tenait à utiliser un '' mot nerveux '', volontairement relié à la schizophrénie : '' Je souhaitais véhiculer le même sentiment d'aberration et de drame. '' Si les sons, les musiques et les voix sont des voyageurs intemporels, quelles transformations les différents contextes politiques, culturels et sociaux impriment-ils sur leur écoute et leur réception ? Et quarante ans plus tard, quelle est l'étendue de l'aberration évoquée par Murray Schafer ?

Deux œuvres produites spécifiquement pour l'exposition abordent les pérégrinations de la musique, ainsi que les questions d'auteur et d'écriture. Eileen Simpson et Ben White (qui travaillent ensemble en tant que Open Music Archive) questionnent les associations entre l'ethnomusicologie classique et les histoires orales à l'ère digitale. Le duo a utilisé comme source L'anthologie de la musique folk américaine en trois volumes publiée par Harry Smith en 1952, à partir de laquelle il a développé une taxinomie de variations, de versions et de remixes de chansons. En retraçant les origines et les adaptations ultérieures des titres répertoriés par Smith, les artistes explorent, dans leur installation vidéo et graphique, les relations entre la propriété intellectuelle et la tradition folk, typiquement sans auteur et orale.

Poursuivant sa recherche autour des '' conflits de basse intensité '', Franck Leibovici propose, à l'occasion d'une nouvelle séquence de son '' mini-opéra pour non musiciens '', une enquête sur les chants de propagande que ces conflits engendrent. Matériaux habituellement méprisés, ou du moins laissés pour compte par les politologues, ils sont pourtant une preuve extrême explicitant le quotidien réel de ces conflits. Circulant le plus souvent sous la forme de vidéos You Tube, ils ont une durée de vie relativement courte. En utilisant le format des anthologies des standards de jazz, les Real Jazz Fake Books, Franck Leibovici transforme ces mp3 éphémères en partitions musicales, pour inscrire dans le régime de l'écrit, et donc de l'étude, ce qui agissait jusqu'alors oralement.

Ces deux nouvelles productions sont présentées en regard d'œuvres existantes qui explorent plus avant les connections entre représentation et subjugation, voix libres ou bâillonnées, archives perdues et vagabondes, héritages musicaux fragiles et éthique du field recording. Ces œuvres incluent People to be Resembling (2012) de The Otolith Group, un essai filmé qui déploie la géographie sonore du premier album du trio jazzCodona, publié en 1978. Sur le mode de l'assemblage, An Ear to the Sounds of Our History (2011) de Sharon Hayes compose une histoire visuelle du discours engagé à partir de couvertures d'albums de spoken word politique produits, distribués et influents aux Etats-Unis et bien au-delà entre 1948 et 1984.        Les '' cartes de voix '' de Lawrence Abu Hamdan, intitulées Phonèmes en conflit (2012), sont conçues quant à elles à partir des méthodes utilisées par les départements d'immigration européens pour analyser l'accent d'une personne, afin d'établir son éligibilité comme demandeur d'asile.

 

THE CHICAGO BOYS, WHILE WE WERE SINGING, THEY WERE DREAMING

Hiwa K est accueilli à Delme dans la Gue(ho)st House pendant le mois d'octobre pour former un groupe de musiciens amateurs, The Chicago Boys. Le groupe est consitué avec des volontaires rencontrés sur place, à Delme ou aux alentours.

Le groupe se réunit au moins deux fois par semaine pour des répétitions ouvertes au public. Plus qu'un groupe de musique,  The Chicago Boys est un groupe de recherche où le savoir est partagé entre tous, un groupe au sens fort du terme, qui réinvestit pleinement les logiques de travail collectives, un pied de nez à l'individualisme érigé en valeur absolue avec l'avènement des théories neo-libérales, qui ont pris le pas sur l'économie et la politique internationale depuis les années 70. D'origine kurde, né en Irak, vivant à Berlin, HIwa K nous fait partager son répertoire personnel de musiques populaires moyen-orientales des années 70. Ce sont ces musiques qui ont accompagné son enfance et son adolescence ; ainsi il invite tous ceux qui le souhaitent à venir partager souvenirs, anecdotes, histoires personnelles, sur fond de réflexion autour du néo-libéralisme et des nouvelles économies qui régissent nos vies et s'invitent dans nos intimités.

Les membres des Chicago Boys à Delme sont : Madette Ast, Agathe Borgne, Nicolas Chambrot, Olivia Chaponet, Jean  Chauvelot, Marie Cozette, Christiane Dumont, Christine Girod, Christiane Jacquot, Hiwa K, Annie Lagarde-Rezny, Edith Lala, Ivan Lopez, Jaime Lopez, Loïc Mathis, Louis Picard, Baptiste Scheuer, Lucie Schosseler, Jean Silvestri, Emeline Socheleau, Jessica Stumperl.

 

 

aANNA COLIN & SAM THORNE

Anna Colin est commissaire d’exposition indépendante et co-directrice d’Open School East, une école d’art et un espace de programmation qui ouvre ses portes dans l’est de Londres en septembre 2013. Avant cela, elle était co-directrice de Bétonsalon – Centre d’art et de Recherche, Paris (2011-12) et commissaire d’exposition à Gasworks, Londres (2007-10).

Sam Thorne (né en Angleterre, vit et travaille à Londres) est membre du comité de rédaction de la revue mensuelle anglaise Frieze. Il est professeur intervenant au Royal College of Arts à Londres et co-fondateur d’Open School East.