Il reste une maison pleine qui sera bientôt vide. Construite brique par brique, décorée de milliers de bibelots qui ont été déplacés une centaine de fois dans toute la maison, des murs re-re-re-peints eux, aussi. C’est en explorant la maison de ses grands-parents, immigrés italiens arrivés en France dans les années 50 que Léa Cammarata s’est demandée comment toutes ces choses, si précieuses, qu’iels ont ramené de leur pays et celles qu’iels ont acquis dans leur pays d’adoption, allaient elles aussi disparaître, être triées, gardées, jetées, encadrées.

Au cinéma, on monte un décor qui vit quelques mois, semaines ou jours puis disparaît. C’est éphémère, on crée ce que l’on appelle des “patines” pour vieillir les choses et faire croire qu’elles ont vécues et traversées des couches de vies. Un peu à l’inverse des archéologues qui déterrent des objets pour mieux les conserver. 

Pour cette exposition, Léa Cammarata a invité l’artiste vidéaste Louise Talarico avec qui elle travaille depuis quelques années sur la vie fantasmée et spéculée des objets. Toutes deux naviguent entre le milieu du cinéma et de l’art contemporain. 

Elles se sont retrouvées pour ce projet en partant de l’idée d’un ” troisième territoire” dans lequel des mondes auraient été déplacés puis dilués. Des personnes empreintes de leur terre, qui se retrouvent à devoir construire ailleurs. Un ailleurs déjà habité. C’est là que des idées fantasmées, qu’elles soient culturelles ou personnelles, deviennent reliques, comme les objets restés sur place pour témoigner d’un espace de vie.

La scénographie est un territoire de jeux pour faire revivre des lieux et des objets. C’est à partir de feuilles décor qu’elles ont créé un espace transitoire entre ruines et maison. Elles proposent à la fois une fiction et le décor de cette fiction dont l’Italie est le support. Le Cornicello, symbole porte bonheur, est représenté dans l’exposition sous plusieurs formes et de manière répliquée. Cette déclinaison obsessive, tant dans le geste de fabrication que dans l’exposition de l’objet, est un moyen d’éprouver son existence. Une manœuvre pour ne pas oublier, pour se souvenir. À l’image des collectionneur.euses. Succédant aux murs de plâtre, une pièce noire habitée par des voix fantomatiques dont les récits chevauchent le rêve et la réalité. Elles proposent un endroit qui n’a jamais existé bien qu’il tente de représenter leurs souvenirs. 

Cette exposition est réalisée dans le cadre du dispositif Émergence de la Région Grand Est, en partenariat avec le programme Perspective l’ENSAD de Nancy et la galerie Octave Cowbell à Metz.

INFORMATIONS PRATIQUES

OCTAVE COWBELL
4 rue du Change 57000 Metz
Exposition ouverte au public du 24 janvier au 5 avril 2025
Du mercredi au samedi de 14h à 18h et sur rendez-vous. 
Entrée libre.