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Au sein de l’économie de l’attention et des affects régissant désormais notre quotidien « connecté", l’Amour, dans tous les sens du terme, est peu à peu devenu une ressource exploitable pouvant générer de nombreux capitaux. Dans ce marché des émotions dérégulé, intrusif et pernicieux, aux slogans tour à tour sibyllins, convenus ou agressifs, apparait le travail d’Ash Love qui, par ses peintures, sculptures et performances, rend compte d’un contre-langage réagissant à la réification de l’amour, des humeurs et des affects, pour une ré-appropriation collective, sentimentale et assumée des émotions.
Les œuvres d’Ash Love sont constituées d’une multitude de signes issus des codes de la pop culture digitale adolescente depuis les années 2000, tels que les emojis ou les glyphes, les combinaisons de chiffres magiques. Cette sorte de néo-dialecte, révélateur du régime de communication actuel, et par lequel chacun peut s’identifier sous de nouveaux codes et créer ainsi de nombreuses micro-communautés, participe pour l’artiste d’une intéressante subversion du langage. Les matériaux qu’iel utilise sont caractéristiques de l’univers créatif adolescent, tels que les perles colorées en toc venant des nécessaires à colliers/bracelets pour enfants, les rubans de soie, les cadenas et les clés des journaux intimes. Ash Love ne lésine pas sur le vernis, les effets de brillance, les formes généreuses et onctueuses pour accentuer les effets de ces objets sources. Le clinquant de cette stratégie hyper-visuelle et formelle lui permet de dissimuler des sujets et engagements plus personnels tels que les sexualités en dehors du régime hétéronormé, son rapport à l’identité ou comment faire communauté aujourd’hui, par exemple. Il s’agit d’un positionnement politique qui cherche à exister artistiquement par le biais de l’écriture poétique. Il se dégage ainsi une grande mélancolie orchestrée par ces multiples récits envoyés comme des appels au secours, et dont on n’est jamais sûr qu’ils parviendront à leurs destinataires.
L’univers esthétique d’Ash Love est peuplé de nœuds, évoquant à la fois des situations noueuses et désespérées, mais aussi l’union et l’alliance que l’acte de nouer peut générer. De nombreuses formes ou symboles témoignent de la présence d’une techno-spiritualité chez les contemporains, de superstitions émergeant d’un rationalisme agonisant, une magie néo-païenne que se construisent les gens en quête de sens, dans les périodes troublées de l’histoire. Ses œuvres convoquent ainsi le langage matériel dont ont recours des communautés de personnes afin de partager leurs peines et leurs blessures découlant d’une inaptitude à vivre dans un monde verrouillé et vicié par de nombreuses pratiques sournoises.
Dans le cadre de sa résidence à Lindre-Basse, Ash Love poursuit ses recherches sur la subversion du langage et l’édification de récits alternatifs, et le traitement digital des émotions dans nos sociétés virtuellement connectées. Entre productions, lectures et temps de réflexion, sa période de résidence se ponctuera par un repas partagé, préparé et orchestré par l’artiste et ses deux mamans, dans le but de mettre en pratique ses recherches sur le partage et la construction commune de nos lendemains.
Ash Love et le centre d’art contemporain - la synagogue de Delme souhaite remercier l’ENSAD Nancy et Nabil Ben Ameur (Responsable Atelier Céramique) et Théophile Caille (Verrier au Chalumeau à Nancy) pour leur accompagnement lors de cette résidence.
Le programme de résidence d’artistes est organisé en collaboration avec le Parc Naturel Régional de Lorraine et la commune de Lindre-Basse.
Ash Love (1996) a reçu en 2021 son Bachelor en Arts Visuels à la HEAD Genève (Suisse) et est diplômé.x en 2018 de l’Université de Bordeaux Montaigne et de Macquarie University à Sydney. Son travail a été montré à SAW, Sofia (2020); CAPC musée d’art contemporain, Bordeaux (2021); Galerie Fabienne Lévy, Lausanne (2021); Prenzlauer Studio, Berlin (2021); Martin Asbæk Galerie, Copenhague (2022); Rebonkers, Varna (2022); Continuum, Bordeaux (2022); 66e Salon de Montrouge, Montrouge (2022); Forde, Genève (2023) et sera présenté en septembre prochain à Æther, Sofia (2023). Son travail fait partie des collections du CAPC (2022), de la Ville de Montrouge (2022) et du Fond d’art contemporain de la ville de Paris (2023).