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Théophylle Dcx

Du Dimanche 8 Septembre au Samedi 30 Novembre 2024


Dans le travail de Théophylle Dcx est mentionnée à plusieurs reprises une catastrophe, sans que l’on sache tout à fait si elle est fantasmée, attendue, ou tout simplement passée, vécue par d’autres avant lui. Au fil de son œuvre, composée d’écrits, de performances et de vidéos, les sujets abordent le deuil, la maladie, la violence qui se déploie sous plusieurs formes et peuvent tour à tour incarner cette catastrophe, mais aussi la cadence de la fête, les corps qui s’entremêlent, l’étreinte et la fusion des relations. Les sentiments que l’on éprouve et les blessures dont on souffre deviennent ce qui nous lie. Son expérience vécue est son principal matériau de travail – l’artiste a d’ailleurs réalisé une autobiographie sous forme de portrait pharmacologique filmé (Curriculum Vihtae, 2022). Toutes les boîtes de médicaments qui lui ont été prescrits ces dernières années dans le cadre de sa séropositivité et qu’il a conservé lui permettent de déployer une narration dans le temps à la fois personnelle, médicale et politique, en imbibant d’intimité l’austérité de l’emballage cartonné des comprimés. 

L’écriture de Théophylle Dcx expérimente, joue à tordre la langue dominante, épouse le rythme de la musique et se laisse contaminer par les paroles des chansons qu’il écoutait dans sa chambre d’adolescent – il se traduit, se dilue dedans. Dans son livre Rose2Rage paru en 2023, il écrit : « on ne fait plus qu’un sur le remix, on se marie sur un remix, on remixe – on ré-é-x-ist-e, BOOM, en remix – je continue de faire exister mes moi.X.s ». Pareille à un remix, son écriture revisite et recompose, comme autant de thèmes et variations, énergie sexuelle et réflexions sociales, fluides et rage, substances et passions, tumulte et émotions. Il y fait coïncider la prosodie de la mélodie à celle du cri, du silence ou de la danse, qui apparaît dans son travail comme un moyen de convoquer par le mouvement nos héritages et nos passés pour mieux les sublimer. 

Et si catastrophe il y a, alors qui survit ? L’artiste s’interroge sur les mécanismes systémiques qui légitiment certains combats aux dépens d’autres qu’ils invisibilisent. À l’image de la charge virale dans le sang, il note que certaines survies sont rendues « indétectables », la société ne laissant pas suffisamment de place à leur douleur ou leur lutte. Théophylle Dcx réinvente les propres généalogies dans lesquelles il s’inscrit : en célébrant ses « daddys », inconnus décédés du sida auxquels il rend hommage, en s’imaginant que les luttes de la génération précédente ont fait des suivant·es des « fil·les de survivant·es », en déclarant son amour à celleux qu’il nomme ses « aimé·es ». Dans une performance récemment donnée au Palais de Tokyo, l’artiste faisait des paroles de la chanson techno de LaTour «People are still having sex» une ritournelle. Les gens continuent de s’unir ; même si la catastrophe est là, sa pratique se fait courroie de transmission du désir, et n’est exempte ni d’espoir ni de résilience. 

Texte de Lou Ferrand, curatrice indépendante. 

 

 

Le programme de résidence d’artistes est organisé en collaboration avec le Parc Naturel Régional de Lorraine et la commune de Lindre-Basse.

  


Né en 1996, a grandi dans la campagne de Saint-Étienne ; diplômé de la Villa Arson en 2022, il vit et travaille aujourd’hui à Marseille.

Sa pratique artistique mélange écriture poétique, performance et vidéo. Au travers de ces médiums, il explore et met en scène ses différentes coordonnées sociales et politiques de jeune pédé, de personne séropositive, d’artiste et de fêtard passionné par la musique, la danse et le clubbing. L’affectivité, l’amour et le désir jouent un rôle important dans les narrations qu’il déploie - dans ses vidéos blogging comme dans ses performances publiques. L’empuissancement par la célébration collective, le lien aux autres, la force des mots, les possibilités et les limites du corps sont autant de sujets qui traversent les dispositifs, toujours situés, qu’il présente au public. Souvent collaboratifs, ses projets incluent des proches, artistes, activistes, ou auteur·ices avec lesquel·les il se sent en communauté. Son travail traite le corps comme une archive et un geste politique incarné, sur lequel apparaissent les reflux de l’histoire, les enjeux des luttes sociales et le besoin d’émancipation des régimes normatifs contemporains.

Biographie par Thomas Conchou, directeur du CAC La Ferme du Buisson.