Espace Presse
Contactez-nous si vous souhaitez obtenir un accès presse
Né·es au cœur des années 1990, Paul Garcin et Louise Mervelet ont été biberonné·es aux séries et télé-réalités américaines des années 2000. Le ton dramatisé et l’esthétique kitsch qui les caractérisent influencent la manière dont les deux artistes racontent leurs histoires. C’est là que leurs pratiques se rencontrent : le travail de Louise se déploie à travers la sculpture et l’installation, tandis que le travail de Paul prend généralement la forme de performances. Toustes les deux sont impliqué·es, à travers la programmation ou la production, dans des pratiques sonores expérimentales. À elleux deux, iels créent des mondes alternatifs et des récits possibles.
Paul et Louise appartiennent à une génération qui choisit souvent d’ignorer, voire de se jouer de la hiérarchie traditionnellement établie entre culture savante et culture populaire. Leurs mondes et références fusionnent dans la collaboration : du sculpteur et militant américain Thomas Lanigan-Schmidt cité par Louise aux icônes pop Madonna ou Katy Perry qui font apparition dans les performances de Paul. Malgré son apparente légèreté — joyeuse et familière — leur travail s’appuie sur des recherches théoriques et contextuelles approfondies. L’amateurisme est pour elleux moins une méthode de travail qu’une esthétique revendiquée et une stratégie d’adresse.
Leurs pratiques respectives sont animées par le collectif et traversées par les collaborations — iels sont habitué·es à travailler à deux ou en groupe. Pour Louise, c’est un engagement militant et politique. Quant à Paul, son attrait pour le collectif s’apparente à ces élans que l’on retrouve dans les communautés de fans, uni·es dans l’amour sincère, intense et un peu naïf d’une pop star. Cette innocence, cette impulsivité toute adolescente transparaissent dans leurs œuvres. Confectionnées à l’aide de mousse expansive, d’une multitude d’objets trouvés, de perles, de paillettes, de papier mâché, les sculptures de Louise contiennent une certaine urgence. Elles s’hybrident, se contaminent, se répondent. Dans un registre formel distinct, mais qui emprunte tout autant au Do It Yourself, Paul confectionne des tapis sur lesquels il performe à l’aide d’une méthode de tissage appellée tufting.
Pendant leur résidence à Lindre-Basse, Paul et Louise se sont baladé·es, ont discuté, échangé, enquêté, s’imprégnant des savoirs vernaculaires et de l’histoire régionale pour donner naissance à un corpus de sculptures, d’installations et de performances. Iels détournent ainsi les codes du divertissement que l’on pourrait qualifier d’« industriel » pour évoquer l’héritage post-industriel de la Lorraine, rendant ainsi hommage avec humour et tendresse à ce territoire dont est originaire la famille de Louise. L’ancienne cité ouvrière de Bataville, construite dans les années 1930 sur des principes modernistes similaires à ceux du Bauhaus, est comparée aux banlieues américaines prises pour décor de nombre de films et séries. Les hauts-fourneaux de la vallée de la Fensch deviennent des châteaux qui, enfants, les auront fait rêver. De ces détournements et ces rapprochements forment le script d’un conte de fée queer né dans les cités minières et les vallées du Grand Est.
Texte de Clémentine Proby
Le programme de résidence d’artistes est organisé en collaboration avec le Parc Naturel Régional de Lorraine et la commune de Lindre-Basse.
Paul Garcin est diplômé de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Nantes Saint- Nazaire en 2019.
Il vit et travaille à Aubervilliers. Son travail a notamment été présenté à Point Éphémère lors des festivals Superflash et Jerk Off, à la Villa Savoye de Poissy pour la Nuit Blanche 2024, au TUNantes, au Palais des Beaux-Arts de Paris pour Felicita19, ou encore à la Graineterie, centre d’art de la ville de Houilles, dans le cadre de la 13e biennale de la Jeune Création en 2020. Il mixe également sous le nom de joyful aries et démarre une émission sur Tikka Radio à partir de septembre 2024.
Inscrivant sa pratique dans une démarche résolument collaborative, il est l’un des membres fondateurs de KimPetrasPaintings, collectif à géométrie variable avec lequel il présente une première exposition GO FAR, GO HARD à Glassbox, restitution de la résidence l’Estive effectuée pendant l’été 2021. Par la suite, KPP sera invité à réaliser une installation et un workshop au Palais de Tokyo en février 2023, ainsi qu’à l’ESACM à l’automne 2022.
L'esthétique pop de Louise Mervelet questionne la notion de divertissement en tant qu’arme de résistance et de subversion. Elle combine une pratique plastique d’atelier à un travail théorique ancré dans le champ du féminisme intersectionnel, des queer studies et de la littérature : ceci dans le but de créer des objets plastiques vecteurs de récits hors des sentiers battus de l’histoire des vainqueurs.
Après avoir obtenu un diplôme en duo avec Quentin Blomet en 2018 à la Villa Arson, elle a participé à la résidence "Generator" à Rennes, puis elle est été chercheuse en DSRA aux beaux-arts de Annecy, et enfin résidente à la Fondation Fiminco. Elle travaille actuellement sur un documentaire sonore expérimental soutenu par Mécènes du sud, et cherche à développer les mediums de la musique et du son dans sa pratique, aux travers de nouveaux cadres conceptuels. Elle y explore et approfondit sa pratique du field recording et de l’enregistrement contextuel, ainsi que de l’interview et l’entretien, continuant ainsi d’entretenir un lien étroit avec la radio et les formats qu’elle propose. Elle est également programmatrice, curatrice et dj. Ainsi, elle a une une résidence mensuelle sur les ondes de Tikka Radio, depuis maintenant trois ans et demi et organise de nombreuses expositions et évènements musicaux en milieu alternatif et militant (Iveco Nu.e, La Caboteuse). Sa démarche est résolument collaborative, dispersée, transdisciplinaire et expérimentale.