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De la mousse de matelas, du carton, des bâches plastiques ou encore des joints de tuyaux sont assemblés, peints dans des teintes glacées ou recouverts de peinture vaporisée, entre autres. L’énumération de certains matériaux employés par Ella C Bernard révèle la logique derrière l’assemblage de ses installations, souvent fragiles ou instables, qui se composent comme des éléments architectaux autonomes.
Ella C Bernard est une artiste qui pratique la sculpture, l’image en mouvement et les formes textuelles. Ses installations nouent, scotchent, assemblent et tordent des objets collectés ou récupérés, auxquels s’ajoutent parfois des éléments en céramique, métal ou béton. Plutôt qu’une simple esthétique de la récupération, son travail traduit une volonté de réappropriation des espaces. Habituellement relégués à l’invisible, les rebuts industriels et les produits de consommation abandonnés, rejetés ou promis à l’obsolescence révèlent des systèmes cachés ou marginalisés qui participent pourtant activement à l’organisation des flux (électriques, hydrauliques ou de télécommunication) soutenant notre société contemporaine.
Dans les œuvres d’Ella C Bernard, les éléments, devenus sculpturaux, évoquent l’effort nécessaire pour éclairer, transporter, se protéger des intempéries ou encore faire couler de l’eau — autant de gestes quotidiens que nous tenons pour acquis, mais qui exigent en réalité une attention, un soin et une réparation constants. Ces gestes peuvent être mis en parallèle avec les dynamiques collectives, sociales ou politiques qui combattent les inégalités : leur mise en réseau leur permet d’agir, de circuler et d’exister. Les réseaux sculpturaux de l’artiste explorent ainsi les limites de ces gestes mais aussi la dimension contre-intuitive de la matérialité de chaque maillon : le métal y rencontre le textile, la toile plastique s’y mêle à d’autres textures. Les détails guident le regard, le font circuler d’un élément à un autre, invitant à recomposer, par ce déplacement visuel, une nouvelle logique de mise en réseau.
Pour la résidence à Lindre-Basse, ce sont des sangles, des cordages et des pneus qui sont remis en circuit. Les installations expérimentent sur la force de résistance du matériel, dans les torsions et les étirements, mais aussi d’une certaine forme de fragilité dans leurs accrochages. Ella C Bernard défie souvent la gravité dans ses œuvres : la légèreté côtoie la densité de certains matériaux, suspendus, accrochés au mur ou déposés au sol. Des lamelles plastiques s’enchevêtrent et s’enroulent, formant un système de maillage où les éléments s’interconnectent, reproduisant ainsi la logique de mise en réseau dans laquelle nous nous inscrivons nous-mêmes.
Le programme de résidence d’artistes est organisé en collaboration avec le Parc Naturel Régional de Lorraine et la commune de Lindre-Basse.
Après des études de biochimie et de philosophie à Berlin, Ella C Bernard est diplômée de la Städelschule de Francfort en 2022. Elle a présenté des expositions personnelles à la Garage Gallery à Prague (2024), à la Cité Internationale des Arts à Paris (2023) — où elle a également été artiste en résidence dans le cadre du programme de résidences du Sénat de Berlin — ainsi qu’à la Stadium Gallery et à Cave3000 à Berlin (2018), à la Rue de Pompe à Paris (2018) et à la Shore Gallery à Athènes (2017).
De 2024 à 2026, elle bénéficie du soutien du DAAD à Berlin et a obtenu plusieurs bourses de voyage. En 2024, elle a participé à des expositions collectives à Prague, Berlin, Romainville et au Bard College de New York, où elle poursuit actuellement un MFA en sculpture. En 2025, elle a pris part à des expositions collectives à Mexico (avec le collectif N/A/S/L), à Scherben à Berlin, à la galerie Marcelle Alix à Paris et à Glassbox Nord à Paris. En juin 2025, elle a présenté la première itération de Fragiles – Paris dans l’exposition collective La Flânerie à Au Passage, Paris.
Elle développe actuellement le deuxième épisode de Fragiles à Lima, en collaboration avec le Goethe-Institut, et prépare une exposition en duo à Scherben, Berlin, en novembre. Avant de rejoindre Lindre-Basse en octobre, elle présentera Fragiles — un portrait filmique, sculptural et sériel de lieux — à l’Index Foundation de Stockholm et montrera son travail au NKF Stockholm.
Bernard est également cofondatrice de la plateforme en ligne en cours de création Unqualifiedcomments.com, pensée comme un espace de discussion, d’échange et de résistance féministe, queer et antifasciste. Elle y propose notamment des réflexions sur la manière d’aborder des héritages mémoriels complexes tels que la Shoah (par ex. podcast : Promise No Promises, épisode 95), et y intervient en tant qu’organisatrice et éditrice.