Quatre jeunes artistes ont clôturé ensemble la session de résidence de 2003 : avec en commun une formation à l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Nîmes, Cédrick Eymenier, Laurent Hopp, Bertrand Parinet et Michael Viala ont eu plusieurs occasions de développer des projets communs et de confronter leurs pratiques : photographie, son, vidéo, installation, sculpture. Au-delà de cette diversité de moyens, se lisent des influences et des préoccupations communes, liées à l'espace, sa praticabilité, sa perception, la notion de point de vue et la géométrie des formes, notamment dans l'environnement urbain.

Du 31 janvier au 28 février 2004, les oeuvres qu'ils ont réalisées lors de cette résidence ont été présentées lors de l'exposition ''Lindre 03'' au Castel Coucou, à Forbach, en partenariat avec l'association Oeil.

Cédrick Eymenier utilise les différents médiums que sont la photographie, la vidéo et le son, séparément ou réunis dans une même installation. Clichés obtenus au fil de ses voyages, ses photographies s'appliquent à mettre en évidence les éléments communs à toutes les villes, ceux-là même qui caractérisent l'urbanité. Les immeubles, voitures, enseignes, barrières, poteaux et autres mobiliers urbains sont traités comme les motifs colorés d'une géométrie des villes. Cette approche photographique se complète de travaux sonores, où il utilise principalement des sons qui adviennent à notre insu : bruit d'un réfrigérateur, de voitures ou encore d'un projecteur de diapositives. En enregistrant sur bande sonore notre quotidien, en l'amplifiant ou en la détournant, Cédrick Eymenier nous invite à sa redécouverte.

Les installations de Laurent Hopp structurent l'espace par des dispositifs simples. L'éclairage et/ou l'agencement d'éléments géométriques, l'accentuation des lignes géométriques qui composent l'architecture ou le paysage, concourent à proposer de nouveaux point de vue. Par le déplacement des points de repères, ses installations produisent une sensation d'équilibre de l'espace ou d'un basculement. Cette approche arbitraire, interprétative, ouvre sur de multiples possibilités de percevoir l'espace.

Le travail de Bertrand Parinet interroge notre perception et notre conscience de l'espace. A travers des lignes ou des volumes colorés, peints sur une architecture intérieure ou extérieure, il met en valeur l'organisation et la structure des lieux dans lesquels il intervient. Ses jeux de miroirs et ses installations vidéos visent à modifier l'appréhension de notre environnement. Dans ces travaux, les limites de l'espace sont transgressées : l'extérieur d'un bâtiment surgit à l'intérieur, la représentation en plan se mue en espace tridimensionnel. Bertrand Parinet extrait l'espace de ses cadres dans la compréhension des espaces.

Entre sculpture, design et installation, les travaux de Michael Viala sont liés à l'architecture et à la configuration du lieu dans lequel ils sont montrés. Ils questionnent le statut des formes et la nature de l'espace d'exposition. Afin de donner à saisir l'espace, l'artiste met ses limites à l'épreuve à travers des modules géométriques résultant de détournements d'éléments de mobilier urbain. Il contraint par exemple le déplacement du spectateur en intervenant par le biais de tremplins utilisés par les skate-boarders. L'objet-sculpture dépasse alors sa simple existence en tant qu'oeuvre; elle renvoie à une praticabilité, et par là même, à une fonction probable de l'oeuvre d'art.