Espace Presse
Contactez-nous si vous souhaitez obtenir un accès presse
Maeva Cunci danse, performe, crée des vêtements, chante parfois ; Dominique Gilliot chante, performe, joue de l’orgue électronique, s’adresse au public souvent.
Si elles ont chacune leur pratique respective, elles collaborent ponctuellement, et la résidence à Lindre-Basse constitue leur troisième projet en commun. Reliées par le même désir de s’adresser au public, elles manipulent le langage sous toutes ses formes : chanson populaire, exposé didactique, chorégraphie, texte écrit…
Si la performance constitue leur outil de prédilection, il faut préciser ce terme pour rendre compte de la nature de leur travail. En dehors du champ de l’art, performance rime plutôt avec prouesse, dépassement de soi, ou culture du résultat. Concernant Maeva Cunci et Dominique Gilliot, on pourrait parler de « performance basse résolution », sans fard ni effets de manche. Sans avoir la prétention d’être spectaculaires, virtuoses, ou géniales, elles préfèrent convoquer les romans photos, le western, l’art de la cocotte en papier plutôt que la dérive situationniste de Guy Debord ou la déterritorialisation chez Gilles Deleuze, dont elles sont par ailleurs familières.
Il ne s’agit aucunement d’opposer une culture savante, qui serait élitiste et propre à la classe dominante, à une culture populaire de masse, tant cette dernière infuse un large spectre de références et de codes sociaux, rendant caduque les catégories ou les divisions de classes. Les deux artistes s’appuient sur des références et des codes aussi familiers que possible, de sorte à établir avec le public une intimité et une proximité qui joue sur un principe de reconnaissance, à la fois intuitif et affectif. D’où ce goût immodéré pour la chanson d’amour pop, très pratiquée par Dominique Gilliot, qui lui permet de trouver d’entrée de jeu un terrain d’entente, de créer le temps de la performance une micro-communauté, qui serait susceptible de se retrouver autour d’un langage commun et de quelques formes vernaculaires (conte, stand up, bal populaire…).
A Lindre-Basse, Maeva Cunci et Dominique Gilliot prennent le parti de s’insinuer chez les habitants, et d’établir le contact par le biais d’un magazine, rédigé, imprimé et relié par leurs soins, puis glissé dans la boîte aux lettres de chaque foyer de la commune. A la fois carnet de route de résidence, journal intime, et billet d’humeur, inspiré par la collecte de différents objets trouvés aux abords de l’atelier, il témoigne de la méthode de travail des artistes, faite de dérive poétique et de flânerie, de jeux d’association, où le hasard et l’improvisation sont les meilleurs des compagnons, car ils les amènent toujours à trouver ce qu’elles ne cherchaient pas.
Pendant les trois mois de résidence, elles conçoivent trois numéros de ce magazine, entièrement fait maison. Si le premier évoque directement Lindre-Basse, le second numéro est un « spécial atelier » et le troisième dédié à Bataville. Ce haut lieu de l’utopie patronale, de type paternaliste, à quelques kilomètres de la résidence, cité ouvrière et lieu de production du célèbre fabricant de chaussures jusqu’au début des années 2000, est l’objet de multiples projections de la part des deux artistes : en effet, en filigrane de toute leur démarche artistique, elles ne cessent de se demander si le bonheur peut être organisé, et quel chemin sinueux mène à l’harmonie entre logique individuelle et collective.
Maeva Cunci est née en 1979. Elle vit et travaille à Bruxelles et Paris.
Danseuse de formation, elle a été interprète pour de nombreux chorégraphes contemporains et encore actuellement pour Emmanuelle Vo-Dinh. Parallèlement, elle s'inscrit dans nombre de projets en tant que co-auteur/co-performeuse : dans le champ de la danse avec le collectif du Clubdes5 ou le chorégraphe Mickaël Phelippeau, dans le champ de la performance musicale avec le girl's band Les Vraoums, dans le champ de la performance au sens large avec Dominique Gilliot ou Albane Aubry. Elle crée des vêtements au sein de la mini-marque Waffel Waffels, ainsi que des costumes pour la danse.
Dominique Gilliot est née en 1975, elle vit et travaille à Paris et Bruxelles. Diplômée des Beaux-arts de Paris-Cergy en 2005, post-diplômée des Beaux-arts de Lyon en 2007. Résidences à Triangle (Marseille, France) en 2009, à Bâle (Suisse) en 2010 ; résidence à venir à Main d’œuvre (Paris, France) en 2012. A exposé et/ou performé à la Friche de la Belle de Mai (Marseille), Bétonsalon (Paris), Main d'Oeuvre (Paris), La Box (Bourges), le Quartier (Quimper).