D’origine tchèque, Adam Vackar a vécu ponctuellement en France et au Japon. Outre le tchèque, le français, et le japonais, il parle aussi allemand et anglais. Loin d’être anecdotique, la maîtrise de ces langues fait vivre en lui une connaissance et une conscience particulièrement intime de contextes culturels et d’histoires éloignés, parfois antagonistes.

Dans son propre travail de vidéo, de photographies ou d’installations il mélange constamment différents langages, différentes formes (parfois même jusqu’à l’écoeurement : dans la vidéo Jamming où on le voit procéder à un mélange de produits de grande consommation qui une fois liés ne correspondent plus au goût commun).

Au-delà du langage, le texte à proprement parler irrigue sa démarche plus récente.

Des mots inscrits sur des pellicules photographiques composent des phrases à la première personne. Elles correspondent à des témoignages collectés par l’artiste au cours de sa résidence. Chaque pellicule plus ou moins déroulée renvoie à une histoire intime, que l’on devine en recomposant les mots qui transparaissent à la surface, des résurgences du passé que le support permettrait de rendre visibles.

Comme tout territoire composé de strates géologiques et historiques, le langage sédimente ici diverses couches de mémoire, individuelles et collectives. Le texte chez Adam Vackar est ambivalent et les modes de lecture rarement linéaires. Il est enroulé / à dérouler avec les pellicules, plié / à déplier dans la série des textes inscrits sur des feuilles de grand format, et s’inscrit paradoxalement sur des supports d’image. On attend une photographie sur la pellicule, un dessin sur le papier encadré ou encore une publicité sur cet immense panneau, où un code mystérieux et monumental troue la paysage.

S’agit-il là de rendre visible le sous-texte de la société, les images latentes, l’inconscient collectif ? Dans les pays de l’ex-bloc soviétique, le langage était souvent utilisé comme outil de propagande, jouant comme un écran permanent pour construire un réel univoque et sans faille. Ici le texte devient intime, le sens se dérobe en permanence et l’espace public offre un code dont il faudra percer le secret.