La pratique d’Elodie Brémaud prend d’abord la forme de marches. Expédition, arpentage ou promenade sont pour elle autant de manières d’ériger le tourisme en art. Pas tant le tourisme insouciant porté par le rêve des Trente Glorieuses, mais un tourisme éclairé, pleinement conscient des inquiétudes qui traversent une époque. Un tourisme averti des contraintes que celle-ci imprime au paysage, en le régulant de multiples manières. 

La marche est pour Elodie Brémaud un mode de connaissance du réel à part entière, car arpenter un territoire, c’est aussi en prendre la mesure. C’est encore le recréer à sa mesure, et lui insuffler une part de fiction. C’est le cas d’un de ses récents projets, intitulé On peut toujours chercher. Sur un immense panneau de chantier, l’artiste informe le visiteur d’une « invraisemblable découverte », en l’occurrence une pépite d’or de forme cubique, comme peuvent l’être les pyrites. La découverte est exposée dans un musée proche et devient le point de départ d’une expédition, à la recherche de ce que l’on appelle aussi parfois « l’or des fous ». 

Elodie Brémaud se plaît à créer ces situations dans lesquelles un territoire donné devient un espace à explorer, et où les objets qu’elle nous montre constituent plus une invitation au déplacement qu’une assertion définitive. 

Si Elodie Brémaud a manifesté le désir de faire une résidence à Lindre-Basse, sur le territoire du Parc Naturel Régional de Lorraine, c’est pour explorer les abords de l’étang de Lindre, haut lieu de préservation de la nature. Ce qu’elle observe très vite, c’est que les impératifs liés à la protection imposent des règles draconiennes et que « tout visiteur posant le pied hors du sentier unique, risque tout simplement une amende. » En d’autres termes, « le touriste est le bienvenu, mais il est extrêmement guidé ». C’est ce paradoxe qui est au coeur de l’installation qu’Elodie Brémaud construit à Lindre-Basse. 

Le projet est simple et ambitieux : mettre en place dans la commune un office des désoccupés, qui se réfère tout à la fois au travail et à l’oisiveté, termes a priori antinomiques. L’Office est ouvert à tous : les promeneurs et les touristes, en quête d’occupations estivales, mais aussi les scientifiques et autres passionnés par l’étude de la nature. 

L’office en question prend la forme d’un stand quelque peu suranné, tout droit sorti des années 50, et joue le rôle d’interface entre l’atelier privé et l’espace public. Ses heures d’ouverture varient en fonction de la présence de l’artiste sur son lieu de vie et de travail. 

Une fois la structure mise en place, à partir de début juillet, Elodie Brémaud mettra à profit le temps de résidence pour concevoir une édition, sous forme de guide, mais aussi pour échanger avec toute personne curieuse de ce nouvel appendice, arrimé à l’entrée de son atelier.