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Josselin Vidalenc

Du Mercredi 10 Juin au Lundi 31 Août 2020


Expérimentant tour à tour la performance, la sculpture, l’installation ou la peinture, Josselin Vidalenc a toujours accordé une part importante dans ses recherches à la couleur de même qu’à l’ontologie de la matière. Le corps, bien que physiquement absent, guide toutes les étapes de travail grâce à l’activation des sens tels que le toucher, la vue et l’odorat. Ceux-ci, très importants dans l’appréhension de ses œuvres, ont donné vie majoritairement ces dernières années à des peintures et des œuvres tissées, parfois figuratives mais surtout abstraites, gestuelles, tachistes ou géométriques. Notons que les couleurs de Josselin Vidalenc ne sont pas produites industriellement mais par lui-même, à partir de pigments naturels extraits de fleurs ou de plantes dans le but de trouver les tons désirés, même si cela doit parfois prendre plus d’une année, en suivant le rythme des saisons, avant d’y parvenir. Aussi, s’active ici une temporalité de réalisation de l’œuvre différente de celle consistant à avoir recours à la peinture du commerce : l’œuvre intègre un processus de lenteur et de longue durée, imposant son rythme. L’artiste a toujours souhaité laisser faire la matière et choisit donc ici de s’adapter à ce nouveau rythme. S’il cultive des plantes tinctoriales, il s’adonne également à la recherche directe de plantes en milieu rural tels que les champs et les forêts, après avoir minutieusement étudié herbiers et autres ouvrages botaniques. Ces longues recherches et heures de marches hasardeuses en vue de trouver les plantes adéquates lui permettent également de mettre son corps en mouvement, de le faire entrer en connexion avec son environnement, de toucher et de sentir la matière, de percevoir sa vitalité. Au-delà des couleurs, l’artiste apprécie en outre que les plantes prennent place dans un jardin permaculturel et hébergent toute une diversité d'animaux. 

La rencontre de l’artiste avec la suite des six tapisseries de La Dame à la licorne, conservées au musée de Cluny, à Paris, fut un élément déclencheur pour cette recherche de couleurs produites sans intermédiaire : dans l’art de la tapisserie ou de la peinture, le millefleurs est un fond uni et plat, semé de nombreuses plantes représentées, parfois coupées, à la manière d’un herbier. La Dame à la licorne représente une quarantaine d’espèces différentes sur un fond rouge, devant lequel prend place une scène que le décor participe à rendre énigmatique et complexe. L’intérêt de l’artiste, à la vue de ces tapisseries et de leurs décors printaniers, vient de l’évocation de relations paisibles et non conflictuelles des êtres humains aux plantes, au monde végétal que les fêtes du Moyen-Âge célébraient joyeusement aux mois d’avril et mai. 
 
Bien que formaliste en apparence, il y a derrière la démarche de Josselin Vidalenc toute une réflexion sur l’éthique de production de l’artiste et son exploitation d’autrui dans le processus de création. Suite à sa résidence à Lindre-Basse, l’artiste intégrera une formation d’agriculture de plantes aromatiques médicinales et tinctoriales pour poursuivre sa logique de production autonome et respectueuse de l’environnement naturel et professionnel.
 
 

 

Le programme de résidence d’artistes est organisé en collaboration avec le Parc Naturel Régional de Lorraine et la commune de Lindre-Basse.