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Les sculptures et installations d’une remarquable perfection formelle de Floryan Varennes, dégagent en tant que corpus, une étrange joute entre fascination et répulsion, absence de corps et présence physique imposante de part la préciosité de leurs matériaux, leurs modes d’accrochage et les symboles qu’elles convoquent. Mettant souvent en scène des armes de combats, des outils chirurgicaux ou encore du matériel de répression coercitif, ses œuvres s’engagent pleinement dans une représentation subjective de la violence. Non pour la dénoncer explicitement, mais davantage pour penser son intégration dans le corps comme discipline de vie, une manière d’apprendre à vivre avec pour mieux s’en défendre ou construire à partir des souffrances qu’elle cause physiquement ou psychologiquement. C’est ainsi qu’armures, boucliers côtoient scalpels, muselières, mais aussi lavande, minerve, tissus et autres matières douces, apparaissant comme pour apaiser et contrecarrer les supplices évoqués par les hérissements froids et métalliques de bon nombre de ses créations. Celles-ci figureraient alors une sorte de self-healing (auto-guérison) qui pourrait, somme toute, devenir la condition existentielle de l’être vivant contemporain, soumis aux plus perfides brutalités, celles qui ne font pas de bruit, qui ne disent pas leur nom, n’étant le fait de personne : une oppression flottante et durable sans origine notable.
La transparence à l’œuvre dans les créations de Floryan Varennes pourrait ainsi signifier cette violence diaphane désincarnée, que subissent paradoxalement tous les corps d’aujourd’hui en régime post-démocratique. Si la guerre n’est plus celle frontale du Moyen Age, - dans lequel l’artiste puise une importante somme de références théoriques, historiques et symboliques - elle est bien présente au travers de l’usage quotidien de nos récents dispositifs médiatiques, outils technologiques de communication, du travail déshumanisé, et des relations humaines/animales/végétales éclatées. Mais comment dès lors donner une forme, une présence à cette violence ? Peut-être en la traitant par l’inverse, à savoir la notion de care (soin) notamment lorsqu’il compose par le biais d’accessoires thérapeutiques bien connus pour servir, tant bien que mal, à faire triompher la vie. Le soin étant justement ce vers quoi l’artiste s’oriente dernièrement, surtout suite à une récente expérience de résidence en milieu hospitalier, d’où ressort la vulnérabilité des corps et des choses, comme en atteste son usage récurrent du verre, de lavande, de textile… Mais s’il a recourt au care, cette notion si dévoyée de nos jours, il ne s’agit pas ici de nier ou d’étouffer le mal, sans lequel il n’y aurait pas lieu de prendre soin. Floryan Varennes préfère souligner dans ses modalités de représentation que violence et « prendre soin » demeurent les deux faces d’une même réalité. Ses recherches se situent généralement entre deux concepts et laissent jouer cet entre-deux au sein de ses œuvres. Entre médiévalisme revisité et style rétrofuturiste, sexualité désinhibée et sacralité, on assiste chez Floryan Varennes à une Fantasy Queer évoquant une temporalité suspendue où la place de la violence, de l’amour, et la manière dont ces deux termes se rencontrent à la surface comme à l’intérieur des corps, restent encore à négocier.
À l’occasion de sa résidence à Lindre-Basse, Floryan Varennes a réalisé de nouvelles pièces en verre en partenariat avec le Centre International d’Art Verrier de Meisenthal, qu’il présentera lors de sa restitution. À celles-ci, s’ajouteront d’autres créations et installations expérimentées à l’atelier dans le but d’étendre son vocabulaire vers une vision idiosyncratique du care, au sein d’un monde actuellement en voie de re-mystification.
Les œuvres en verre ont été produites avec le soutien du CIAV - Centre International d'Art Verrier de Meisenthal.
Le programme de résidence d’artistes est organisé en collaboration avec le Parc Naturel Régional de Lorraine et la commune de Lindre-Basse.