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ORIENTATION

SIRAH FOIGHEL BRUTMANN & EITAN EFRAT

Du Samedi 15 Octobre au Dimanche 2 Avril 2017


Le terme « orientation » qui donne son titre à l’exposition vient du latin oriens, qui signifie « se lever », et fait directement référence à la direction du soleil levant à l’Est. Étymologiquement l’orientation consiste à diriger quelque chose vers l’Est et provient de la tradition juive occidentale de diriger l’entrée des synagogues vers Jérusalem. Une synagogue orientée fait donc face à l’Est, tandis que celle de Delme, construite dans un style oriental, a la particularité d’être légèrement «désorientée», faisant face au Nord-Est. De même, l’exposition proposée à Delme par les artistes Sirah Foighel Brutmann et Eitan Efrat se présente comme une invitation à déplacer légèrement notre regard. 

Orientation est une recherche poétique et documentaire à partir de deux sculptures publiques, Passages et White Square, conçues par l’artiste israélien Dani Karavan, et situées respectivement à Portbou et à Tel Aviv. 

À travers deux films, une installation sculpturale ainsi que des textes et des pièces sonores, les artistes interrogent la mémoire dans son rapport à l’oubli. 

Comment un espace public peut-il être vecteur de récits collectifs qui encadrent le réel et dirigent le regard dans une direction unique, et comment peut-on imaginer une expérience collective autre, à même de renouveler notre rapport au passé et à l’Histoire ? 

Le coeur des deux sculptures publiques dont il est question dans l’exposition consiste en un escalier qui conduit le visiteur vers un panorama sur le paysage. À Portbou ou à Tel Aviv, chaque point de vue est encadré et sécurisé par un panneau de verre et surplombe la Méditerranée. 

Sirah Foighel Brutmann et Eitan Efrat présentent deux vidéos mêlant images trouvées sur internet et images originales tournées sur les sites respectifs de ces sculptures, tout en tentant de décrire l’expérience collective produite par ces monuments publics. Entre la volonté d’encadrer le regard et la mémoire, et l’échec poétique qui découlerait d’un point de vue unique sur l’Histoire, les deux vidéos suggèrent un parcours qui mène àchaque fois du monument officiel de Dani Karavan à un second monument abandonné, le tout accompagné par une composition sonore originale, qui mêle aux sons ambiants le souffle du vent tel qu’il s’engouffre dans la sculpture de Tel Aviv, ou le souffle strident de la trompette d’un jazzman, invité à improviser à l’occasion de la réalisation du film de Portbou. 

En regard des deux films présentés dans l’exposition, les artistes conçoivent un escalier monumental en spirale, qui mène les visiteurs de l’espace central de la synagogue à la coursive à l’étage. Le nouvel escalier coexiste avec l’escalier d’origine de la synagogue et induit une redistribution des hiérarchies symboliques et spatiales, entre le haut et le bas, l’espace des femmes à l’étage et celui des hommes au rez-de-chaussée, tels qu’ils étaient assignés dans l’ancien lieu de culte. Il permet aux visiteurs d’expérimenter à leur tour un mouvement de montée ou de descente dans un espace lui-même chargé de différentes strates de mémoires et d’Histoires. 

Des textes muraux complètent l’installation et retranscrivent les extraits d’une interview réalisée par les artistes avec Dani Karavan. Celui-ci évoque la manière dont il a imaginé les deux sculptures. Les visiteurs peuvent entendre d’une part la voix du sculpteur lors de l’interview, d’autre part la voix de Sirah Foighel Brutmann, qui lit la traduction française réalisée à partir des paroles de Karavan. 

Entre les trois escaliers à Portbou, Tel Aviv et Delme, entre les lieux visibles et les lieux moins visibles, quels liens secrets sont ici suggérés et repensés ? En nous invitant à parcourir un escalier, les artistes proposent d’emprunter de nouvelles voies, non linéaires, et de porter un regard autre sur les lieux qui nous entourent. 

Pendant l’exposition, l’escalier en bois brut va se couvrir des traces du passage des visiteurs et se transformer dans le temps. A l’issue de l’exposition, il disparaîtra de l’espace pour lequel il a été dessiné, et son usage futur reste à ce jour indéterminé. Entre reconstruction et abandon, il se situe dans ce même intervalle qui sépare les monuments officiels de ceux que l’on a oubliés. 

Marie Cozette

 

Cette exposition bénéficie du mécénat exceptionnel de l’entreprise Escaliers Somme. 

 


L'exposition a été conçue en étroite collaboration avec Anne Stevens et Egil Franssen du Bureau d’architecture DJÂKE à Bruxelles. 

Design sonore : Laszlo Umbreit
La productions des vidéos a reçu le soutien d'Argos, Beursschouwburg et de VAF à Bruxelles.
Les artistes tiennent à remercier : Ruth Noack, Messidor, Helena Kritis et Andrea Cinel. 
 

Nés en 1983 à Tel Aviv, Sirah Foighel Brutmann et Eitan Efrat ont étudié respectivement la danse et les arts visuels à Bruxelles. Ils vivent et travaillent à Bruxelles. Dans leurs films ou dans leurs installations photographiques, ils s’intéressent à la manière dont les récits, intimes ou collectifs traversent le temps et l’espace, comment les images marquent et habitent l’Histoire, façonnant la mémoire autant que l’oubli.

Leurs films ont été présentés dans de nombreux festival de films internationaux tels que Rotterdam Film Festival (Pays-Bas), Image Film Festival (Toronto, Canada), Oberhausen Film Festival (Allemagne)… Ils ont fait l’objet d’expositions personnelles récentes : à la Kunsthalle de Bâle (2013), au centre d’art Argos à Bruxelles (2014).

Pour plus d’informations : www.tilfar.com / www.messidorgroup.be