Espace Presse
Contactez-nous si vous souhaitez obtenir un accès presse
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de Dead Reckoning, exposition personnelle de Zbyněk Baladrán au centre d'art contemporain - la synagogue de Delme, du 9 juillet au 21 septembre 2014.
"Debord, dans son film Critique de la séparation, agence des images trouvées dans des publicités, des bandes dessinées ou des affiches, avec des fragments de scènes filmées, surimprime des sous-titres qui ne correspondent pas à la voix-off, omniprésente qui, comme dans tout son cinéma discrépant, ne communique que l’impossibilité de transmettre le réel par son spectacle, autrement dit par sa symbolisation.
Il semble que le point de départ de Zbyněk Baladrán pour chacun de ses films soit également cette insatisfaction, cette conscience de la nécessité de la recherche du réel, du réel « brut », quasiment sans sujet, au sens que Debord donne également au cinéma tel qu’il l’entend (« démystifier le cinéma, c’est l’extraire de son sujet »), et la conscience simultanée de son échec et de son incommunicabilité. Sans sujet ne signifie pas que Baladrán fasse des films sur rien, tout au contraire : chacun d’entre eux est une stratification d’images, d’anecdotes historiques et quotidiennes, un agencement narratif complexe où la voix intime, auto-réflexive, se fait entendre au sein des mécanismes de l’histoire sociale. Cette voix, qui prend différents corps (dont il feint avec humour de s’étonner dans la vidéo 40 000 000 (2010) : « Je m’entends parler avec la voix d’une femme. Une chance de penser selon une autre perspective. De s’entendre. »), est néanmoins la même et permet de comprendre que chaque film, dans sa disparité, poursuit le même projet d’écriture. Film après film, au-delà de tout sujet, il tente d’approcher une vérité des affects, à l’intérieur de la machine sociétale du capitalisme dont il reconnaît être l’agent actif, et plaide coupable. Mais si, chez Debord (qui ne plaide pas coupable), cette prise de conscience conduit à la mélancolie, et à une forme de gravité emphatique, chez Baladrán, cette mélancolie est le résultat d’une lutte, à résultat nul, et ne se départit jamais de l’ironie qui, comme de juste, commence par soi-même."
Extrait du texte de François Piron
Direction éditoriale : Marie Cozette
Textes : Zbynek Baladrán, François Piron
Graphisme : deValence
Co-édition : centre d’art contemporain - la synagogue de Delme, galerie Jocelyn Wolff, Paris
1500 exemplaires
64 pages
français – anglais
ISBN : 978-2-9522123-6-6
Disponible au centre d'art ou en commande par mail.