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La marge d'erreur

Michel Blazy, Conny Blom, Daniel Buren, Michael Elmgreen & Ingar Dragset, Mark Geffriaud, Felix Gmelin, Jacques Julien, Jonathan Monk, Perroquet tout s'écroule, Didier Rittener, Simon Starling, Damiel Thomen, Raphaël Zarka.

Du Vendredi 21 Mars au Dimanche 1 Juin 2008


Commissaires invités : Le Bureau/

 

Le centre d'art contemporain La Synagogue de Delme invite le Bureau/ à concevoir une exposition dans le cadre du projet P2P, initié au Casino Luxembourg du 26 janvier au 6 avril 2008. P2P rassemble les œuvres d'une cinquantaine d'artistes internationaux et confronte l'exposition au fonctionnement du peer to peer. Le Bureau/ s'interroge sur l'application aux oeuvres d'art d'un mode de circulation propre à Internet, qui valorise l'échange, la multiplication et la reproduction de l'original. Galeries, musées ou centres d'art sont invités à emprunter des œuvres pendant la durée du projet, et à en adapter les modes de présentation et de réception.

La marge d'erreur présente à Delme plusieurs œuvres issues de P2P, en regard d'autres œuvres, dont certaines sont produites pour l'occasion. Si l'exposition au Luxembourg évoquait les notions de série, de multiple, de copie, ou de citation, La marge d'erreur engage quant à elle une réflexion sur les écarts volontaires que suscite le phénomène de reproduction.

Dans la répétition de formes ou de gestes, c'est la difficulté de la copie conforme qui s'éprouve, comme ce papier froissé que Mark Geffriaud demande à un origamiste de reproduire plusieurs fois à l'identique. À l'inverse, le plaisir de formes assurées d'être uniques se manifeste dans les sérigraphies déchirées par Daniel Buren, ou les cintres déformés par Jonathan Monk.

La réplique par les artistes de certaines de leurs œuvres est l'occasion de les percevoir de manière nouvelle : Jacques Julien reproduit ses sculptures à une échelle intermédiaire, entre la maquette et le monument, tandis que Didier Rittener adapte à l'espace son œuvre Danger Zone, alignement au sol d'une série de polyèdres noirs.

Des variations peuvent aussi intervenir dans la reprise (ir)révérencieuse de certaines œuvres historiques. Raphael Zarka propose un montage de films de skate dont il ne conserve que les figures effectuées sur des sculptures d'art moderne, devenant un terrain de jeu et d'expérimentation hors norme. Elmgreen et Dragset imaginent une pièce de théâtre dont les personnages sont des sculptures emblématiques de l'art du XXe siècle. Quant à Felix Gmelin, il s'attache à reproduire à l'identique une performance berlinoise des années 1960, dont les connotations politiques changent, à l'épreuve d'un temps et d'un lieu différents. Enfin, quand Conny Blom monte plusieurs silences, volés entre deux plages musicales, c'est la diversité des silences possibles qui devient palpable pendant 4 minutes 33, en référence à une célèbre partition de John Cage.

Certains standards formels permettent aussi aux artistes de proposer des mises en œuvre décalées : le groupe Perroquet tout s'écroule conçoit la mémoire de ses improvisations musicales sous forme d'édition papier ; Damiel Thomen présente un parasitage sonore sous la forme d'une sculpture minimale, dont il faudra intercepter le son ailleurs et Simon Starling reproduit une exposition photographiée dans les années 1930, dans le seul but de la photographier à son tour. Enfin, la part d'erreur et d'aléatoire trouve chez Michel Blazy un écho tout particulier : l'installation se délite progressivement, soumise aux contingences de la matière qui la constitue.En réponse à l'architecture de la Synagogue, les œuvres, disposées selon un axe de symétrie variable, tissent entre elles accointances et dissonances. Ainsi, de déplacements savamment dosés en hasards provoqués, la marge d'erreur.

 

 

Le Bureau/

Le Bureau/, est un collectif de commissaires d'exposition créé à Paris en 2005, dont l'objectif est de questionner et d'expérimenter le médium même de l'exposition. La notion de commissariat collectif est un principe fondateur du groupe, la rencontre des compétences et des sensibilités des différents membres permettant la production d'expositions fondées sur des lectures multiples et relatives.