Depuis des années, Alain Balzac travaille sur deux ensembles de toiles qui se complètent l'un l'autre : une série de tableaux géométriques, en l'occurrence des drapeaux, et une série de tableaux de textes, dont la surface est structurée par des blocs de mots.

Alain Balzac a voulu exploiter la double identité culturelle et cultuelle de l'édifice. Il a travaillé sur ses symboles favoris, les devises et les drapeaux. Autour de l'arche d'alliance, où étaient conservés les textes de loi de la Tora, s'affichent les articles sur la discrimination. A l'envers, pour inviter à une lecture attentive.

A l'étage, là où prenaient place les femmes lors des cultes, le vert domine. Vert comme l'islam. On y trouve les drapeaux de pays où les femmes sont discriminées. Souvent des Etats où cette religion domine. L'actualité en Afghanistan le confirme. Alain Balzac a retenu d'autres exemples sur des bâches qui font flotter ces étendards dans l'espace de la synagogue : les Emirats Arabes Unis, le Koweit, l'Arabie Saoudite mais aussi l'Inde et la Nouvelle Guinée. Cela aurait pu être la Chine ou encore Bahrein. '' Dans ces pays, il manque des femmes. En France, elles sont 107 pour 100 hommes, dans le monde 94,6 pour 100 hommes. Là-bas, elles sont 50 et quelques. Pas à la naissance. A l'âge adulte. Cela veut dire qu'entre-temps, elles ont été mal soignées, elles n'ont pas eu droit à l'école, ces pays ne se sont pas bien occupés d'elles '' explique Alain Balzac. L'artiste joue des couleurs, mêlant '' un propos esthétique à des concepts. Il interroge le statut de l'oeuvre son rôle artistique et social ''. Il est donc question, sur ces murs en jaune, de ce jaune choisi par les antisémites du Moyen-?ge et du IIIème Reich pour stigmatiser sur l'habit ou sur l'étoile '' l'infamie '' du peuple juif, il est question de la discrimination de l'autre, différent. Les textes, écrits à l'envers et en jaune, et les grands formats photographiques, sont là pour signifier avec détour ce thème : le texte de l'article 225-1 du code pénal écrit à l'envers et lisible fictivement de l'extérieur de la Synagogue, nous donne la définition juridique de la discrimination.

Sans montrer aucune image réaliste de violence ou de sang, en utilisant seulement la symbolique de la couleur, des emblèmes d'une nation, et des mots, le plasticien coloriste Alain Balzac amène implacablement le spectateur à une profonde réflexion sociologique, psychologique et sémantique.