Espace Presse
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Comme souvent dans le travail de Katinka Bock, c’est le site et ses spécificités qui ont guidé la conception du projet. Les usages passés et présents de la synagogue de Delme constituent la matière première de l’exposition, qui rassemble une installation in situ, plusieurs sculptures récentes, ainsi qu’un film et un travail photographique.
Kanon interroge la grammaire du lieu et se sert de sa structure historique, sociale, architecturale, et géologique. L’artiste aborde cet espace comme une superposition de couches de temps et de sens qu’elle viendrait effeuiller, déplier ou excaver pendant la durée de l’exposition. En évoquant de manière détournée certains éléments invisibles de la synagogue, en reliant des espaces habituellement séparés et éloignés, sur le plan symbolique et physique, elle en propose une lecture qui procède de divers gestes de déplacements : dévier, étaler, couler, mais surtout chuter.
Équilibres précaires, instabilité fondamentale, la chute est au coeur de nombreuses oeuvres. Certaines laissent apparaître des failles et des craquelures, traces de leur écrasement violent au sol. Le ratage, la fragilité et le décalage font partie intégrante des oeuvres qui contiennent en creux leur propre destruction. Les matériaux récurrents que sont le bois, la terre crue ou cuite, l’eau, le verre ou le cuir s’apprécient par leur capacité naturelle à se transformer au fil du temps et à évoluer comme autant de peaux et d’enveloppes vieillissantes.
L’exposition à Delme peut se lire comme une phrase articulée dans l’espace, voire une partition, ce que le titre Kanon suggère. Le mot allemand désigne en effet le canon au sens musical et scientifique : il évoque la superposition, la répétition et le décalage dans le temps.
Le soir du vernissage, un concert-performance, Movement generates a void, aura lieu dans toute la ville de Delme, mettant à contribution les habitants pour jouer de chez eux et toutes fenêtres ouvertes, une pièce célèbre d’Eric Satie : Vexations est constituée d’une courte phrase musicale qui doit être répétée 840 fois, selon les recommandations du compositeur. Chaque participant à cette performance jouera pendant une heure, dans son propre temps, et dans son propre espace, contribuant néanmoins à créer un temps et un espace collectifs. Quelle somme d’accords et de désaccords émanera de ce tissage sonore, quels retards, quelle tension entre production individuelle et collective ? Des questions que soulève l’ensemble du projet de Katinka Bock à Delme, inscrit dans l’architecture, la ville et son histoire.
Katinka Bock est née en 1976 à Francfort/Main. Elle vit et travaille à Berlin et Paris. Elle est diplômée de l'école d'art de Berlin en 2002 et du post-diplôme de l'école nationale des beaux arts de Lyon en 2005. Elle est représentée par la galerie Jocelyn Wolff à Paris qui lui a consacré une exposition personnelle en 2007. Le centre d'art Passerelle à Brest lui a également consacré une exposition personnelle en 2007. En 2008, elle participe à diverses expositions collectives : au Credac- Galerie Fernand Léger d'Ivry-sur-Seine, à la Tate Modern de Londres, et dans le cadre de la biennale Art Grandeur Nature avec La Galerie, centre d'art de Noisy-le-Sec.