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Gianni Motti est là. Tout simplement là. Partout et nulle part à la fois.
En amont de l'exposition à Delme (1), on a pu apercevoir ici ou là ses assistants, parfaitement repérables grâce au T-shirt jaune qu'ils arborent en toutes occasions, estampillé de son nom. À ses assistants présumés, Gianni Motti ne demande rien de plus que de vivre leur vie de tous les jours, d'être dans la vie. Car la pratique artistique selon lui, c'est avant tout un art de vivre, une façon d'être au monde et en prise directe avec lui.
Dévoreur d'informations au quotidien, lecteur inconditionnel de la presse, Gianni Motti vit une sorte d'hyper-présent permanent. Pourtant il n'hésite pas à distordre notre perception commune du temps et de l'espace, pour nous projeter ailleurs, aux confins de nos préjugés et de nos idées reçues, sur l'art, la politique, la science, la religion, l'économie...
On se souvient de ses revendications de catastrophes naturelles dans les journaux, de l'organisation de son propre enterrement dans les rues de Vigo, du jour où il se substitua au délégué indonésien à l'ONU...
Peu avant l'an 2000, il conçoit Big Crunch Clock, une horloge digitale qui fait le compte à rebours du temps qui nous sépare de l'explosion du soleil. Depuis trois ans, l'œuvre accueille les visiteurs à l'entrée du Palais de Tokyo à Paris. Alors que les centièmes de secondes décroissent à toute vitesse, les milliards d'années semblent immuables, et marquent l'horizon de notre finitude. Il est étonnant de voir comment l'œuvre de Gianni Motti donne la mesure de sa propre disparition.
Et de fait, l'artiste ne s'encombre pas d'une production d'objets, propres à alimenter le marché de l'art ; il n'a pas peur du vide et préfère proposer des situations, des points de vue, décentrés et inattendus, dont la véritable consistance relève bien souvent d'un récit à partager et à transmettre. Invité par le Migros Museum de Zürich en 2004 pour une rétrospective, il construit un parcours de déambulation totalement vide, et demande aux guides de raconter ses actions passées aux visiteurs. En 2005, il se rend au CERN (Centre Européen de Recherche Nucléaire) à Genève, et parcourt à pied les 27 km de circonférence de l'accélérateur de particules, dont la mise en service en 2008 a alimenté les fantasmes les plus fous. Quand un proton est projeté dans l'accélérateur, il parcourt 27 km, 11 000 fois en une seconde. Gianni Motti, quant à lui, mettra 6 heures... À la surpuissance de la machine, il oppose une lenteur naturelle et somme toute relative.
Comme ce bobby à qui il demande de s'adonner à la méditation zen, au milieu d'une foire d'art contemporain, Motti nous proposerait-il de faire une trêve, une pause salutaire où la lenteur et la respiration reprendraient leurs droits ? Pas sûr...
Son projet pour la synagogue de Delme constitue le deuxième temps d'une double exposition, conçue en partenariat avec le centre d'art de la Ferme du Buisson, à Marne la Vallée. En ces temps de crise planétaire, où le monde semble vivre au rythme des incertitudes et des lendemains qui ne chantent plus, Gianni Motti conçoit à son tour une exposition "de crise".
(1) les 15, 16 et 17 mai, dans l'espace publique à Metz, Nancy ou Delme, dans le cadre de Constellation, manifestation de préfiguration du Centre Pompidou Metz.
Il est né en 1958 à Sondrio en Italie. Il vit à Genève. Il mène une vie exemplaire.
EXPOSITIONS PERSONNELLES DEPUIS 2000
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