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Channels

Susan Hiller

Du Dimanche 9 Juin au Dimanche 29 Septembre 2013


Le centre d'art contemporain - la synagogue de Delme est heureux de présenter durant tout l'été l'exposition personnelle de Susan Hiller. Artiste américaine, résidant à Londres depuis 1969, Susan Hiller est une des artistes les plus influentes de la scène britannique depuis 40 ans. Channels a été produite par Matt's Gallery à Londres et est présentée dans une version française enregistrée pour l'occasion par le centre d'art.

Channels est un immense mur de couleurs et de sons, composé de plus d'une centaine de téléviseurs analogiques. Les écrans bleus et gris, leur grésillement, ainsi que les voix qui les traversent forment un collage de récits savamment orchestré par l'artiste. Le visiteur est invité à s'asseoir, à observer les écrans aux couleurs changeantes, et découvre peu à peu la nature des témoignages, relatant ce phénomène particulier que sont les '' expériences de mort imminente ''.

L'oeuvre se compose de trois moments : un long silence immerge le spectateur dans une atmosphère où le jeu d'ombre et de lumière est à peine troublé par le bourdonnement de la neige sur les téléviseurs ; puis, une multitude de murmures dans différentes langues emplit petit à petit l'espace ; enfin des récits solitaires émergent de manière distincte.

Les expériences intimes dont il est question sont lues à partir de témoignages collectés par l'artiste sur internet. Ces confessions anonymes comportent nombre d'éléments récurrents, délivrés d'une voix claire et neutre : lumières iridescentes, chaleur, sensation de flotter au dessus de son corps, perte des sentiments de douleur ou de peur, rencontres avec des inconnus ou des proches disparus depuis longtemps puis retour soudain à la conscience.

Susan Hiller s'intéresse aux aspects marginaux et mystérieux de l'expérience humaine - ce que l'on considère comme trivial ou irrationnel (et que la modernité cherche souvent à minorer) ou ce que l'on a tendance à mépriser, tels que les phénomènes énigmatiques, la foi ou la croyance. La question pour Susan Hiller n'est pas tant de savoir si ces récits sont porteurs d'une quelconque vérité mais de comprendre ce qu'ils disent de nos croyances contemporaines, du lien intime que nous entretenons avec l'irrationnel, la mémoire ou les mythes. Elle s'en empare pour ce qu'ils sont, un fait social partagé par un nombre croissant d'individus, un aspect de la vie, et un artefact culturel.

Susan Hiller a longtemps été fascinée par l'inquiétante étrangeté, inhérente à l'immatérialité de la voix, et elle affirme: '' je m'intéresse à la dimension spectrale, à l'étrange et à la part d'ombre qui émane des sons enregistrés, car ils ne permettent plus de distinguer la voix des morts de celle des vivants. '' A Delme, Susan Hiller crée une nouvelle version de l'oeuvre en français. De plus, sensible à la spécificité historique et géographique de la Lorraine, qui a accueilli depuis le XIXème siècle de nombreuses communautés étrangères, et qui est limitrophe de trois pays européens, les récits sont diffusés non seulement en français, mais également en italien, en portugais, en allemand, en luxembourgeois...

Bien sûr l'artiste est également sensible au contexte spécifique de la synagogue. A travers un projet comme The J. Street project (2002 - 2005), fruit d'une recherche de plusieurs années en Allemagne autour de la disparition des populations juives, elle a pu mettre en évidence l'ensemble des noms de rue, de chemins, de lieux-dits comportant le préfixe Juden. Elle a ainsi répertorié 303 noms de lieux, qu'elle a minutieusement photographié et cartographié, constituant une archive inédite de ces signes disséminés à travers l'Allemagne, discrets témoins d'une absence, et tout autant mémoire d'une présence passée. En effet Susan Hiller traite souvent de questions liées à la disparition, à l'irreprésentable, à la possibilité de témoigner, aux processus de refoulement dans l'Histoire de l'Humanité et au balancement permanent entre oubli et mémoire. Dans une oeuvre datée de 2003, elle écrit : Remember to forget / Souviens toi d'oublier. Injonction contradictoire qui traduit un rapport au monde fait d'ambigüités et de noeuds dont ses oeuvres se font l'écho.

En exergue du livre The J. Street Project, Susan Hiller affirme : '' Tout mon travail traite des fantômes ''. Channels contient cette dimension spectrale et l'immense machine télévisuelle est habitée de voix, d'ondes électriques, traversée par une intense énergie. Les téléviseurs qui constituent l'installation, objets de récupération destinés au rebus, sont littéralement réanimés par la voix et l'oscilloscope qui matérialise les sons s'apparente à une ligne tendue entre la vie et la mort.

L'utilisation de téléviseurs n'est pas anodin, tant cet objet familier et populaire est vecteur de fantasmes et de croyances. A une époque où la croyance et le rapport au religieux ont été battus en brèche par l'avènement de la science, de technologies surpuissante, de media de masse dévorants, comment réinventer des mythologies et des contes contemporains ? Les récits de morts imminentes ne seraient-ils pas un des épiphénomènes de notre besoin viscéral de croire en un monde où l'invisible et l'inexpliqué gardent une place déterminante ? Et si les rêves, l'inconscient et l'irrationnel devenaient des modes de résistance à proprement parler ?

Marie Cozette

 

PRODUCTEURS ET PARTENAIRES

Channels a été produite par Matt’s Gallery à Londres.
La production de l’oeuvre à Londres a reçu le généreux soutien du Arts Council England, de la Fondation Henry Moore, de CAF American Donour Fund, de la Galerie Timothy Taylor, d’Integral Memory et d’Envirocom.

Merci à Judith Carlton, David Cunningham, Emma Dexter, Adrian Fogarty, Dai Jenkins, Robin Klassnik, Maud Lucien, Adam Milburn, l’équipe de Matt’s Gallery, l’équipe de Timothy Taylor Gallery, l’association Bouche à Oreille à Metz, L’ESAL – Ecole Supérieure d’Art de Lorraine – site de Metz qui ont rendu possible l’exposition de cette oeuvre à Delme et son adaptation en français.

 

Susan Hiller est née en 1940 aux Etats-Unis. Elle vit et travaille à Londres.

De nombreuses expositions personnelles et collectives lui ont été consacrées dans le monde entier, et plusieurs rétrospectives ont retracé l'ensemble de son travail : à l'ICA de Londres en 1986, la Tate Liverpool en 1996 et à la Tate Britain à Londres en 2011.

Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées, dont le Musée National d'Art Moderne à Paris, le Frac Bourgogne à Dijon, le centre d'art contemporain d'Inhotim au Brésil, la collection du Deutscher Bundestag à Berlin, la Fondation Serralves à Porto, le Ludwig Museum à Cologne, le Moderner Museet à Stockholm, le Moma / Museum of Modern Art à New York, la Tate à Londres, le Tokyo Metropolitan Museum of Photography à Tokyo, la collection de la Banque UBS à Zürich, le Victoria and Albert Museum à Londres.

Susan Hiller a également été commissaire de quelques expositions. L'une d'elles, intitulée Dream Machine, a été présentée dans plusieurs institutions entre 2000 et 2004 et a donné lieu à l'écriture d'un livre éponyme. Elle est co-auteure de Dreams: Visions of the Night, publié en France par Le Seuil (1976) ; elle est l'auteure de The Dream and The Word  (Blackdog, Londres, 2012)  et de The Provisional Texture of Reality: Selected Talks and Texts (JRP Ringier, Bâle, 2008).