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Le Plat Principal

MAGALI REUS

Du Samedi 11 Mars au Dimanche 4 Juin 2023


Depuis plus d’un siècle, la publicité, l’industrie du luxe et les médias ont contribué à faire des objets du quotidien de véritables fétiches, transformant ces derniers en objets de désir. Tout au long du XXème siècle jusqu’à nos jours, de nombreuses pratiques artistiques nous ont donné l’occasion de nous concentrer réellement sur l’aspect de ces objets, ceux-là même que nous utilisons généralement de manière machinale.

Magali Reus développe depuis une dizaine d’années un travail sculptural perturbant les habitudes du regard et des sensations liées à notre rapport au design, omniprésent dans un monde utilitaire fondé sur la consommation de masse. Par hybridation ou rapprochement d’objets conceptuellement et matériellement incompatibles dans leur fonctionnalité respective, elle crée des ensembles qui, bien que reconnaissables, perturbent nos habitudes de consommateurs/utilisateurs d’objets.

Prenant comme source des objets utilisés par tou.s.tes (sièges, réfrigérateurs, tables, panneaux, lampadaires…) qu’elle reproduit grâce à des procédés industriels sophistiqués toujours doublés d’un travail manuel à l’atelier, Magali Reus crée d’étranges sculptures mutantes n’appartenant à aucun code d’utilisation. Ses sculptures s’apparentent alors à des ustensiles autonomes sans fonction. Plus largement, elles entretiennent un rapport ambigu avec le design quotidien permettant à l’artiste de questionner les hiérarchies à l’oeuvre dans le monde.

L’autonomie de ses sculptures qui ne doivent de compte à personne puisque sans utilité, échappe aux contraintes auxquelles sont soumis les objets, pour leur permettre une certaine émancipation. Objets d’art visuellement proches du ready-made, l’intention de l’artiste consiste à ramener la beauté de l’objet dans le domaine de la sculpture et de la contemplation, tout en questionnant le rapport que chacun entretient avec la neutralité des formes usinées.

Au sein d’une culture post-moderne plaçant au même niveau design, ready-made et sculpture traditionnelle, il demeure une certaine perplexité quant à la manière dont nous catégorisons ces différents statuts, notamment lorsque nous questionnons leur valeur. C’est à partir de cette perplexité que l’artiste joue avec les codes du design de masse et de la sculpture, en entretenant toujours une subtile confusion entre fabrication artisanale et production technologique.

Chez Magali Reus, comme chez de nombreux artistes de sa génération, la « nature » perd sa connotation essentialiste et se comprend comme une fabrication de l’esprit, modulable et adaptable de la même manière que l’artifice des créations humaines. À l’équation artisanat/technologie de pointe, l’artiste incorpore des éléments biologiques par la représentation de fruits, légumes, champignons et autres plantes venant toujours plus s’immiscer dans la solidité de la résine et des matériaux composites constituant la majorité de ses œuvres. Il s’agit moins ici de « nature morte » que de représentation d’une hybridité figée, de l’expression de la fossilisation d’un concept de nature devenu obsolète. Dans un certain sens, les créations de Magali Reus insistent sur la porosité entre nature et culture et reflètent leurs interactions aussi étranges, merveilleuses ou dangereuses qu’elles puissent paraître.

À Delme, village rural traversé par le va-et-vient incessant des camions de fret, environné d’une agriculture intensive désormais indispensable, mais où une certaine idée de la campagne authentique  parvient malgré tout à résister, l’art de Magali Reus trouve un socle fertile grâce auquel sa démarche peut se developper et investir l’espace de l‘ancienne synagogue.

À l’occasion de son exposition Le Plat Principal au centre d’art contemporain – la synagogue de Delme, l’artiste a souhaité explorer conceptuellement l'environnement rural de la synagogue, ainsi que son contexte historique. Comme une réponse au célèbre pépiniériste, hybrideur de plantes et horticulteur Victor Lemoine (1823-1911), pionnier de la botanique moderne et né à Delme, Magali Reus a pensé un corpus d’oeuvres sculpturales et d’œuvres photographiques contenant ce qui est communément perçu comme l'esthétique « rurale ».

L’exposition propose un ensemble d’œuvres traitant d’hybridation, de culture intensive, d’agro-technologie mais aussi de recettes traditionnelles, de nos rapports authentiques à la nature, et de l’évolution de la notion d’authenticité une fois celle-ci absorbée par l’industrie techno-capitaliste et transformée en produit marchand, au même titre que tout autre produit de consommation.

Le statut ambigu des objets représentés dans Le Plat Principal s’ajoute à une vision technologique de l’industrie agroalimentaire cherchant actuellement à trouver des moyens de nourrir une population en perpétuelle croissance, modifiant à vive allure les paysages des campagnes mondiales, tout comme nos habitudes alimentaires et les objets que nous utilisons dans ce contexte.

La nature, désormais un produit de consommation comme un autre, est un objet auquel nous ne prêtons quasiment plus attention. Pourtant, elle devient aujourd’hui de plus en plus centrale dans les nouvelles manières d’habiter et de vivre, créant des relations émotionnelles puissantes. Observant minutieusement l’évolution de la société de consommation, l’art de Magali Reus reflète ses transformations et nous amène à questionner nos relations avec cet objet du quotidien bien spécifique.

 

 

Suite à l’exposition, une monographie présentant les œuvres récentes de Magali Reus sera publiée par Nai010 publishers, en collaboration avec le Mondriaan Fonds, le Museum Dhondt-Dhaenens et l’Atelier Calder.

 

Cette exposition est réalisée en partenariat avec le Museum Dhondt-Dhaenens (qui a présenté le travail de Magali Reus lors de l'exposition On Like Scenery du 30 octobre 2022 au 12 février 2023) et l’Atelier Calder (où l’artiste sera en résidence à partir de mai 2023).

Avec les précieux soutiens du Mondriaan Fonds et de l’Ambassade des Pays-Bas à Paris

     

 

Le centre d’art contemporain – la synagogue de Delme et Magali Reus souhaitent remercier l’équipe du Museum Dhondt-Dhaenens  ; Le Mondriaan Fonds ; L’Ambassade des Pays-Bas à Paris ; The Approach, Londres; Galerie Fons Welters, Amsterdam ; les employés communaux de Delme.

 

 

 

 

 

Magali Reus (née en 1981 à La Haye) vit et travaille à Londres.

Ses futures expositions personnelles auront lieu au Museum Kurhaus, Kleve et à la Galerie Greta Meert, Bruxelles en 2024, et à la Kunsthalle Bratislava en 2023. Son travail a déjà fait l’objet d’expositions personnelles au Museum Dhondt-Dhaenens, Sint-Martens-Latem ; The Approach, Londres; François Ghebaly, Los Angeles ; Nasher Sculpture Center, Dallas ; Galerie Fons Welters, Amsterdam ; Galerie Nuno Centeno, Porto ; Galerie Eva Presenhuber, New York ; South London, Gallery, Londres ; Bergen Kunsthall, Bergen ; Kunstmuseum, St. Gallen, St. Gallen ; Stedelijk Museum, Amsterdam ; Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Turin ; Westfalischer Kunstverein, Münster ; The Hepworth Wakefield, GB ; Sculpture Center, New York ; Circuit, Lausanne ; La Salle de bains, Lyon… de même qu’à l’occasion d’expositions collectives à la Cleveland Triennial, Cleveland ; Kunstmuseum, Winterthur ; Museum Dhondt-Dhaenens, Sint-Martens-Latem ; Hudson Valley MOCA, Peekskill ; Birmingham Museum and Art Gallery, Birmingham ; Cultural Centre, Belgrade ;  Mostyn, Llandudno ; Kunsthalle Bern, Bern ; Galerie Eva Presenhuber, Zurich ; Monash University Museum of Art, Victoria ; CCS Bard, New York ; Kunsthalle Vienne ; Carlos/Ishikawa, Londres ; de Appel arts centre, Amsterdam ; Tanya Bonakdar Gallery, New York ; Greene Naftali, New York ; Fiorucci Art Trust, Londres ; National Museum of Contemporary Art, Lisbonne ; Kunsthaus, Glarus ; Freymond Guth, Zurich ; Andrea Rosen Gallery, New York ; Rob Tufnell, Londres ; ZERO, Milan ; Fridericianum, Cassel ; David Roberts Art Foundation, London ; Galerie Crèvecoeur, Paris…

Elle a été présélectionnée pour le Hepworth Prize for Sculpture en 2018 et a obtenu Le Prix de Rome en 2015. Ses œuvres font parties de collections internationales telles que la Tate Collection, GB; Stedelijk Museum Amsterdam; Centraal Museum, Utrecht; The Hepworth, Wakefield, GB; Collection CCS Bard Hessel Museum of Art, Annandale-on-Hudson; Kunstmuseum Winterthur; Kunstmuseum St. Gallen; Frac Grand Large — Hauts-de-France, Dunkerque; Lafayette Anticipation — Fonds de dotation Famille Moulin, Paris; Rubell Family Collection, Miami; Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Turin; Arts Council Collection, GB; The Government Art Collection, Londres; David Roberts Art Foundation, Londres; The Perimeter, Londres.

 

www.magalireus.com