Cherchant à comprendre les mécanismes de l'art tout en réfléchissant à sa nature, François Morellet, qui ne croit pas à l'inspiration de l'artiste, a recours au plus petit nombre possible de décisions dans la conception de son projet : il veut réduire les moyens de la création. Dans ce but, les formes géométriques simples, les lignes droites sont de préférence employées parce qu'elles sont plus immédiatement déchiffrables, les plus neutres et qu'elles s'assemblent en famille pour donner des figures connues.

François Morellet occupe deux lieux différents par leur histoire comme par leur fonction. L'ancienne synagogue de Delme et le Musée du Sel à Marsal, les oeuvres montrées ont été réalisées soit en fonction du lieu, soit en atelier de manière autonome. L'artiste a déterminé ses choix en fonction des indices récoltés, architecturaux ou historiques. Dans la synagogue de Delme, édifice orientalisant de la fin du XIXème, il s'est appuyé sur le plan très rigoureux de l'édifice et sur sa vocation d'origine pour construire un néon horizontal qui, lorsqu'il est stable, montre l'étoile à six branches de David mais peut également, par l'intervention du spectateur, évoluer. Pour François Morellet, ''Les oeuvres d'art sont des coins à pique- nique, des auberges espagnoles où l'on consomme ce que l'on apporte soi-même.''

Mondrian, Malevitch, mais aussi Dada ou les minimalistes américains sont autant de sources auxquelles Morellet s'est confronté afin de créer une oeuvre profondément originale, à la fois rigoureuse et ludique. Il explore depuis plus d'un demi- siècle les secrets de la géométrie. Très impressionné par l'art abstrait construit du suisse Max Bill, ses recherches le conduisent à décliner le format carré, structure élémentaire qui lui permet d'infinies variations. Cependant, toute règle étant faite pour être transgressée, François Morellet joue avec les droites, introduisant des courbes et des contre-courbes.

L'artiste explique son oeuvre : ''Si en une phrase je devais résumer "l'esprit" dans lequel j'ai réalisé mes oeuvres depuis 1952 (..), je pourrais dire que j'ai toujours cherché à réduire au minimum mes décisions subjectives et mon intervention artisanale pour laisser agir librement mes systèmes simples, évidents, et de préférence absurdes.''