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A travers ses sculptures, vidéos ou photographies, Iris Sara Schiller évoque l'intimité du corps humain et exprime des dualités dynamiques permanentes comme celles existant entre le féminin et le masculin. Pour explorer son sujet, elle a choisi une certaine forme d'abstraction. En travaillant sur des formes toujours plus épurées, l'artiste tente de retrouver une unité originelle disparue.
A la Synagogue de Delme, elle présente une série d'oeuvres intitulée Rites de Deuil. Elle y déploie des sculptures, des empreintes de corps humains aux formes lisses et épurées. Pour Iris Sara Schiller, ''l'empreinte est à la fois ce qui conserve la trace du corps absent, et ce qui ne fait que souligner cruellement cette absence. ''
L'artiste s'interroge ici sur la souffrance de l'homme face à la mort. Elle révèle ainsi la fragilité du corps humain et tente de l'atténuer en fixant son empreinte. En effet, ici ''la sculpture ne se contente pas de nommer la douleur de l'homme : elle l'apaise. Sculpter, c'est aussi soigner. Il y a quelque chose de chirurgien dans les gestes du mouleur posant le plâtre sur le corps du modèle. Quant aux oeuvres elles-mêmes, loin d'être de simples moulages, elles naissent de la combinaison de plusieurs empreintes présentant aux spectateurs un corps idéal, autrement dit réparé, dans lequel les fragments autrefois épars sont à nouveau réunis.''
La mise en relation de ces oeuvres avec des photographies, les mettant en scène dans l'atelier de l'artiste, révèle le processus commun qui lie les pratiques de la photographie et de la sculpture : créer une empreinte. La représentation de l'atelier joue ici un rôle important car, lieu de création, il est assimilé à la matrice originelle de ces empreintes.
Les différentes étapes de la conception de ces oeuvres, ''fruit d'un long, d'un lent et répétitif travail quotidien'' engendré depuis 1994, constituent un ensemble de rites, qui permet à l'artiste d'appréhender et d'apprivoiser la notion d'absence. ''Iris Sara Schiller ne le cache pas - ses titres le disent -; le rituel qui se joue ici est de ceux qui mènent à l'accomplissement d''un deuil'' conclut Pierre Wat à propos de son travail.