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Les chaises de traverse

Tadashi Kawamata

Du Dimanche 28 Juin au Samedi 31 Octobre 1998


Fidèle à sa pratique du "work in progress", tels Daniel Buren ou Christo, Tadashi Kawamata poursuit le travail amorcé à la Chapelle Saint Louis de l'Hôpital de la Salpétrière, lors du Festival d'Automne à Paris en septembre 1997. Pour son projet à l'Hôtel Saint Livier à Metz et à la Synagogue de Delme, il réutilise les chaises qui constituaient cette oeuvre, en les complétant par d'autres, collectées auprès des habitants de Delme.

Son oeuvre a pour particularité de se déployer sur deux sites reliés par un réseau de chaises déposées dans les abris-bus, qui jalonnent l'itinéraire entre les deux espaces. Cette intervention de Kawamata s'articule autour de l'idée de passerelle, de liaison physique et symbolique entre la ville et la campagne. L'Hôtel de Saint Livier, édifice datant du XIIe siècle, implanté au coeur de la cité historique, s'inscrit pleinement dans l'espace fortement urbanisé de la cité messine. La Synagogue est à l'inverse implantée dans une zone rurale; désormais désaffectée, victime de l'exode rural.

Le mur de chaises de l'Hôtel Saint Livier semble surgir de l'intérieur du bâtiment et traverse la cour de l'édifice en créant comme une muraille infranchissable. Dans la Synagogue de Delme, les chaises sont disposées sur une structure qui scinde l'espace dans sa verticalité. Suspendue à une hauteur à peine supérieure à la taille humaine, l'oeuvre investit l'intégralité de la surface du lieu fermant comme un "couvercle bas et lourd" le rez-de-chaussée. L'accumulation des chaises, présentées comme en suspension dans ce lieu, ampute très largement le champ de vision, l'espace ainsi cloisonné laisse transparaître une atmosphère pesante. Sous le plafond tourmenté de chaises reliées entre elles, le visiteur oppressé cherche la lumière. La chaise est utilisée pour sa valeur métonymique : elle évoque immédiatement l'homme. L'enchevêtrement pêle-mêle des chaises de toutes sortes, provoquant la vision d'une mise au rebut massive, suscite un sentiment de tragique abandon. Chez certains "les chaises de traverse" ont réveillé de douloureux souvenirs liés à la guerre.

La contemplation de l'oeuvre est résolument différente lorsque le point de vue change. La forte impression de confinement et d'atmosphère pesante est complètement bouleversée : l'espace semble ouvert, les chaises forment un tapis sombre que contrebalance la blancheur des murs et du sol sur lesquels se reflètent la lumière.

Par l'accumulation de chaises usagées dans les deux lieux, Kawamata suggère la vie et la mémoire des lieux, restitue une vitalité aux endroits désertés, en reliant une communauté isolée à la densité urbaine. Les chaises sont à la fois l'héritage d'une tradition et le signe de la présence de l'homme.