Espace Presse
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La Synagogue de Delme apparaît avec son architecture de style oriental, sa coupole, la qualité de sa lumière, comme un lieu idéal de présentation pour "Sculpture de fumée". L'oeuvre d'Ann Veronica Janssens à la singularité de ne pas avoir d'existence en dehors de son exposition, l'oeuvre consistant à matérialiser le vide de l'espace par un brouillard artificiel. Ainsi, l'espace, la sculpture et les corps des visiteurs s'assemblent pour former temporairement l'oeuvre.
Par son immatérialité, cette oeuvre échappe physiquement à son appartenance à une collection. Dans l'espace d'exposition, elle se refuse à se prêter au jeu des hiérarchies : rien ne désigne l'endroit où le regard doit se focaliser, les spectateurs font partie intégrante du dispositif enclenché par l'artiste. L'oeuvre ne se dérobe pas au profit de son espace d'accueil, préférant effacer cet espace, en gommer les partitions et les limites, exister à l'intérieur de lui, absolument indissociable de ces creux et ses contours.
En 1990, empilant des surfaces de verre, Ann Veronica Janssens donnait à voir, paradoxalement, la couleur de la transparence. Pour cette sculpture de fumée, elle exploite la lumière comme matériau de base, qui s'effeuille à mesure que le regard - dans un premier temps occulté - identifie lentement la profondeur, la source de lumière, le mur ou l'autre corps plongé dans une situation analogue.
Ann Veronica Janssens propose, à travers cette démarche, l'appréhension d'un environnement qui devient pour le visiteur une expérience perceptive de l'espace. Cette sculpture hérite directement des apports du minimalisme : le lieu d'exposition devient espace, comme extension uniforme, qui dénie toute hiérarchisation, toute direction. Il y est vain de chercher tout repère de figuration ou de symbole. Pour l'artiste, seul le son a droit de cité dans cette installation, parce qu'il partage avec la lumière son universalité, sa fluidité. Sculpteur de l'espace, Ann Veronica Janssens cultive dans son oeuvre la dématérialisation des limites, la magie de la fluidité des formes, où chaque oeuvre semble une nouvelle étape vers le vide.