"La musique des sphères et des ogres...", laisserait penser à des géants boulimiques faisant jongler et tinter des astres entiers. A découvrir, aux entrées de Delme, les grands panneaux, on pourrait croire à des chocs de titans faisant dévaler des rocs circulaires sur des cibles aléatoires. Une fois franchie la porte d'entrée de la synagogue, l'image se déplace ailleurs. Mais dès le seuil, le visiteur est arrêté dans sa course par une immense sculpture qui barre l'espace, un monumental tapis volant de bois servant de rampe de lancement vers la vog'te presque céleste de la grande salle. Il faudra le contourner. La mesure du volume est prise par des boules vivement colorées suspendues à différentes hauteurs, lampions géants, ponctuant tout l'espace de leur léger balancement et de leurs ombres changeant le sol. Les rocs menaçants se sont transmués en lumière et les ogres ont été contenus dans des cadres délimités dessinés à même les murs. Renversant la légende, ce sont ici les enfants qui ont croqué les ogres. Une vingtaine de "cadres" formatés par Stéphane Calais et reliés entre eux ont été remplis par les enfants avec comme seules indications le titre de peindre, trous blancs qui renvoient au mur et à l'illusion de l'image.

Pour arriver à l'exposition de Delme, il aura fallu passer par d'autres phases qui couches après couches se contiennent en concrétions denses ou s'échappent en gaz volatiles.