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La pratique photographique de Philippe Oudard est en cela singulière qu’elle fait de son auteur un curieux promeneur solitaire dont la soif de découverte ne se tarit qu’à condition de longues séries d’images, souvent associées aux mots dont il sait jouer avec dextérité. Ce sont les lieux, communs ou à la marge, qui inspirent l’artiste dans ses pérégrinations insolites. C’est pour ses capacités à outrepasser le réel que l’artiste a choisi la photographie. Jouant du cadrage et du plan rapproché, exploitant tantôt la froideur d’une lumière crue tantôt la profondeur de l’obscurité, le propos de l’artiste se construit dans l’écart et la distance vis-à-vis d’une réalité parfois difficilement identifiable. Tel un sculpteur ou un peintre, il dispose de la matière, la rend physiquement tangible, assurant au marbre, à la nuit ou au papier, une présence indiscutable.
Pour l’exposition de la Synagogue de Delme, Philippe Oudard a choisi de présenter un extrait de l’ensemble SPQR, constituée de 32 images prises lors de séjours successifs à Rome entre 1992 et 1993. Ces petits formats réunis en série font de son errance très personnelle, un parcours de lecture intimiste pour le spectateur invité à s’approcher au plus près et à se projeter dans l’image comme dans le film de ses propres souvenirs. Les images et les mots se répondant par deux, en miroir. La série MŌTUS, antérieure de quelques années, révèle un parcours entre Nantes, où travaille l’artiste, et Paris, où il vit.
Le travail d’Emmanuel Saulnier a cela de surprenant et d’unique qu’il utilise le verre presque pour chacune de ses créations. Le Pyrex a été choisi par l’artiste pour sa capacité de résistance et sa relative robustesse. La prudence reste la vertu à observer devant ces œuvres à la stabilité incertaine. Si la fragilité semble caractériser les œuvres de Saulnier, celle-ci va de pair avec la transparence qui en est une donnée déterminante. Le mariage de l’eau et du verre, contenu et contenant presque évidents, vient redoubler la nature du matériau minéral et ancrer davantage l’œuvre dans le sol qui l’accueille. Le poids de l’un associé au poids de l’autre donne le résultat d’une sculpture contradictoirement fragile. Dans cette multiplication optique, l’invisible est rendu visible, l’extérieur révèle l’intérieur, et le travail d’Emmanuel Saulnier se confirme comme un travail de sculpteur. En effet si la sculpture a pour habitude de se définir comme un art de la forme, on peut dire du travail de cet artiste qu’il donne existence à son contenu.
Dans cette exposition collective, la référence au corps est telle que l’invitation d’un chorégraphe à en compléter le propos s’est imposée naturellement. La chorégraphie, écrite spécifiquement pour l’espace de la Synagogue de Delme par Daniel Dobbels, est une partition pour danseuses, développant un langage atypique où douceur, lenteur et cheminement sont les maîtres mots. Préalablement filmée par Raoul Sangla, cette chorégraphie, présentée au public tout au long de l’exposition, étire à l’infini le temps et le mouvement qui la composent.