Le centre d'art contemporain la Synagogue de Delme a le plaisir de convier Toby Paterson pour une exposition qui aura lieu du 1 octobre 2005 au 12 février 2006. Ce jeune artiste anglais s'est fait notamment remarquer pour ses peintures murales et modules en trois dimensions, qui rejouaient un vocabulaire directement influencé par l'architecture moderniste. Originaire de la scène artistique de Glasgow, lauréat du fameux "Beck's Prize" en 2002, Toby Paterson a largement exposé au Royaume Uni (Tate St Ives, au Barbican art center de Londres et British art show à venir), et en Europe.

C'est à une expérience décalée d'espaces et de temps multiples que nous convie Toby Paterson. Sa pratique, qui se veut informée à la fois par une pratique du skateboard et par les architectures modernes de la reconstruction d'après-guerre, cherche à livrer un mode d'approche singulier de ce type d'architecture : une approche qui relèverait du document et de l'image, mais aussi de l'expérience physique, du volume et de l'échelle. Le dessin et l'abstraction y occupent une place prédominante. Ainsi les modules sculpturaux, disposés dans des sortes de cadres/étagères, agissent comme des prélèvements dans l'architecture des motifs communs à l'art moderne. Les peintures murales, empruntant souvent leurs couleurs à la palette de Le Corbusier, figurent plus ou moins directement ces modules, avec un jeu d'allers et venues entre le dessin - les deux dimensions - et les effets de volumes. Si le contexte de l'exposition interfère avec la formulation de chaque projet, les oeuvres de Toby Paterson ne sont pas pour autant "in situ", même si une attention est toujours portée aux circulations, aux dynamiques du lieu et à l'échelle des éléments.

Une étude minutieuse des composantes de certains bâtiments précède souvent la formulation d'un nouveau projet de l'artiste comme pour l'alimenter de nouveaux motifs ; ainsi, pour le projet développé pour la Synagogue de Delme, Toby Paterson a choisi de questionner les éléments communs aux architectures cultuelles modernistes. Il ne s'agit pas pour Paterson de documenter, mais de procéder à une réécriture libre d'un héritage majeur du XXème siècle, le modernisme. Si le projet des modernes a largement marqué le siècle, la lecture qui peut en être faite oscille toujours entre idéaux du passé, tolérance de certains héritages, et une sensation d'inachèvement ou d'incompréhension.

Paterson en reprend les motifs, mais la re-création de formes à laquelle il s'applique agit comme une liberté retrouvée : les couleurs encore vives, la perfection des détails et des finitions, la séparation des motifs et des structures, leur dislocation ou leur présentation sur étagères, le jeu permanent d'interférences entre la présence physique de modules, conviant à l'expérience directe, et leurs images, appelant une mémoire, sont autant d'éléments qui confèrent à ce travail sa singularité, sa complexité et sa richesse.