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Princia Itoua

Du Mardi 1 Mars au Vendredi 20 Mai 2022


Se définissant comme un « plasticien griot[1] vivant à l’époque moderne », Princia Itoua construit projet après projet, rencontre après rencontre, une pratique artistique nomade qui interroge les notions de migrant, d’exil, de racisme, de mémoire et d’identité ou encore les mouvements de populations et la valeur des frontières. Acteur à double titre de ces déplacements, en tant qu’émigré du Congo Brazzaville qui, loin de rejeter cette histoire, la poursuit dans son choix de devenir un artiste nomade, Princia Itoua n’entend pas vivre ses différentes migrations sous l’angle d’une réalité à dissimuler pour mieux s’intégrer. Il préfère en faire un sujet de recherche aboutissant à des formes poétiques, afin d’en questionner les divers aspects, tout en retournant ces concepts sur eux-mêmes : que valent les définitions convenues du colon, du migrant, de l’acculturation, etc ? Ne sommes-nous pas tous des migrants ? À partir de quoi devient-on le colon d’un autre ou de quelque chose ? Sans jamais nier la réalité du racisme et de la peur de l’autre dans sa démarche, l’artiste se tourne davantage vers une recherche des signes et des traces de l’acte migratoire dans les nombreux lieux qu’il explore, en marchant principalement. Princia Itoua habite temporairement ces territoires, y construit des cabanes, y étudie la faune et la flore et va à la rencontre des habitants. La recherche de ces signes, aussi bien dans la campagne que dans les zones urbaines, lui permet d’exposer le phénomène migratoire non comme une anomalie, mais comme une activité constitutive de la vie des êtres vivants, quelqu’en soient les causes (guerre, changement de saison, survie économique, envies de changements…). On trouve pêle-mêle dans son travail des croquis de paysages, des passeports et des monnaies auto-produits, des terres infertiles, des frontières-sculptures, des cabanes précaires… tout un corpus d’œuvres incarnant un certain désir de rendre les échanges et les déplacements plus fluides pour tout un chacun. L’artiste s’est créé un alter ego nommé Kanye Mendel, porteur de l’expérience de ses voyages, de sa parole, de ses projets et incarnant la poésie mouvante, à la fois rétrospective et prospective, d’un monde n’évoluant, et ne progressant, que grâce aux échanges d’expériences induites par les transhumances des êtres le peuplant.

Princia Itoua a choisi de résider à Lindre-Basse pour y décliner son concept du « Paysitant », concentrant ses préoccupations actuelles sur les interactions entre le paysage et les habitants, la manière dont les uns transforment l’autre, et vice versa. Usant de son approche poétique, l’artiste y déambule et laisse venir à lui ces signes de la migration perpétuelle comme l’étang de Lindre apparaissant telle une mer immense à traverser ; le nom Lindre, issue du mot « Linter » signifiant bateau à fond plat, tel celui des boat people; les énormes nids de cigognes, lieux de protection temporaire voués à la destruction, qui deviennent chez lui des sculptures ; ou encore le sel qui l’intéresse comme ancien moyen d’imposition avec la gabelle, mais aussi comme ressource précieuse et convoitée. L’artiste consigne toutes ces trouvailles dans un journal de bord présenté en live sur les réseaux sociaux chaque semaine, lui permettant de partager sa manière d’habiter le territoire de Lindre et d’en lire poétiquement le paysage.

 

 

[1]En Afrique subsaharienne, membre de la caste des poètes musiciens ambulants, dépositaires de la culture orale et réputés être en relation avec les esprits.

 

 

Le programme de résidence d’artistes est organisé en collaboration avec le Parc Naturel Régional de Lorraine et la commune de Lindre-Basse.

  

Princia Itoua est un artiste plasticien congolais, né en 1989 au Congo-Brazzaville. Il vit et travaille entre Metz et Paris. L’artiste est issu de l’ESAL Metz où il a obtenu son DNSEP en 2017.

www.princiaitoua.com