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Qu’est-ce que l’état d’enfermement, qu’il soit physique, psychologique ou pathologique, contient en lui de libérateur ? Autrement dit, quitte à en devenir paradoxal, est-il une fatalité ou, en cherchant bien, ne comprendrait-il pas ses propres ressources d’évasion ? Ces questionnements se trouvent au cœur du travail de Nicolas Daubanes qui use depuis une dizaine d’années de nombreux mediums, dont la sculpture et le dessin, pour révéler cette inattendue possibilité.
Chacune de ses recherches permet d’apprécier la manière dont s’organise la vie malgré la séquestration, comment celle-ci prend forme, s’extériorise et parvient à déborder le cadre, aussi coercitif et verrouillé soit-il. C’est donc logiquement que l’artiste s’est d’abord tourné vers le milieu carcéral, celui d’aujourd’hui (prisons de haute sécurité, pour mineurs, etc) mais aussi celui d’antan (notamment les camps d’internement et de concentration en service pendant la deuxième guerre mondiale) pour étudier ses formes architecturales mais aussi ses productions matérielles internes, celles des prisonniers. Certaines de ses œuvres révèlent l’ingénierie de qualité à l’œuvre dans ces espaces, qu’il s’agisse d’améliorer le quotidien (cuisine bricolée) ou de l’oublier (production d’alcool)… Autant de manière d’échapper à la claustration. Des mots comme « évasion », « révolte » et « sabotage » innervent le vocabulaire pictural de l’artiste et s’introduisent dans la matérialité des œuvres, souvent de grands formats et monumentales, comme pour mieux s’aligner avec le poids de l’immense pouvoir que pèse l’état d’enfermement sur les corps et les esprits. Pourtant, derrière une solide matérialité, l’art de Nicolas Daubanes dissimule une grande fragilité et fonctionne telle une vanité. Aussi, ses escaliers sont friables et inutilisables (Sabotage, 2013), ses volumes en verre sont brisés et se décortiquent tout au long de leur exposition (La vie quotidienne, 2019) et ses dessins représentant des prisons, ne sont fait que de poudre d’acier posée sur feuilles magnétiques qui, si elles devaient être retirées, laisseraient chuter la matière au sol : un tas de cendre laissant le support vide comme si le dessin n’avait jamais existé…
Si une forte symbolique, des formes et des discours, nourrit également ses créations, outre la puissance visuelle qu’une telle symbolique implique, c’est aussi parce que l’artiste souhaite raconter des histoires avec des œuvres. Chaque production est l’occasion de revenir sur des histoires mineures – échafaudant ensemble la « Grande » histoire – , de rendre hommage à des personnes, à des actes ou des savoirs peu connus, eux-mêmes enfermés dans quelque chose qui les dépasse. Ses recherches s’imprègnent de voyages, de visites de sites, de rencontres et de récoltes de témoignages produisant des histoires venant habiter les œuvres. À l’issue de sa résidence à Lindre-Basse et à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, Nicolas Daubanes proposera de revenir sur ces micros histoires qui ont donné corps à son séjour sur le territoire. LaGue(ho)st House, ancienne prison de Delme, reconvertie en école puis en maison funéraire, et désormais espace d’accueil pour les publics du centre d’art, offrira un écrin adapté aux mises en récits à l’œuvre dans la démarche de l’artiste.
Le programme de résidence d’artistes est organisé en collaboration avec le Parc Naturel Régional de Lorraine et la commune de Lindre-Basse.