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The Singing Dunes

ZUZANNA CZEBATUL

Du Samedi 29 Février au Dimanche 20 Septembre 2020


     Zuzanna Czebatul travaille principalement dans le champ de la sculpture, produisant ses propres matériaux et créant des œuvres qui fusionnent souvent produits culturels et productions artistiques. Son travail se nourrit de l'esthétique des sculptures anciennes, des formes modernes d'affichage, de la mode et des produits commerciaux. S’attachant à étudier les relations de pouvoir entre objet et spectateur, elle travaille souvent avec des matériaux et des thèmes évoquant les concepts de puissance ou de faiblesse grâce à des effets d’opposition, convoquant humour et érotisme kitsch. C’est ainsi que ses sculptures apparaissent tour à tour effondrées, détruites, dégonflées ou fragmentées et malmènent les concepts de monumentalité, d’édifice public et d’architecture-symbolique rattachée traditionnellement à ce médium. La réalité et l’artificiel s’inscrivent chez elle dans un échange, un dialogue permanent dans lequel elle tâche d’exposer la fluidité ou la flexibilité de la politique, du marché de l’art ou du corps humain. Ses œuvres mettent souvent en place des structures solides, des idéologies et des politiques qui posent cette question : comment souhaitons-nous vivre ? 

    Pour son exposition au centre d’art contemporain – la synagogue de Delme intitulée The Singing Dunes, l’artiste s’empare du phénomène du « chant des dunes »(1) et du mouvement éternel des déserts de sable comme métaphore du nomadisme, de la transformation des connaissances et des civilisations, des migrations, de l’altération des formes construites et de l’évolution des croyances. Au rez-de-chaussée, s’étend au sol une œuvre monumentale in situ, réalisée pour la synagogue en dialogue avec ses formes architecturales. Inspiré par la technique de l’Opus Sectile (2), développée sous l’antiquité romaine puis au Moyen-Âge dans les édifices publics et l’habitat privé, ce dallage figure un sol carrelé fictif pris dans un maelstrom aspirant les éléments architecturaux originels de la synagogue (l’Arche sainte, les fenêtres et les colonnes de l’entrée) pour finir absorbé dans un trou noir. Entre vision psychédélique et sable mouvant, cette création a l’avantage d’offrir un sol luxueux monumental, digne de l’ensemble décoratif original de la synagogue aujourd’hui disparu (3), tout en rappelant le mouvement et les fluctuations inhérentes au passage du temps, modifiant et transformant les formes, les savoirs et les cultures.
    La métaphore suit son cours à l’étage où se déploie un ensemble de sculptures représentant des pastiches de vestiges d’une pseudo-antiquité égyptienne excavés du désert. Pétris d’incohérences historiques et de visions fantasmées pour cette période (4), ces morceaux de sculptures, une fois reconstituées, se veulent la réplique exacte d’une des nombreuses sphinges ayant servi au décor du film blockbuster Les dix commandements de Cecil B. DeMille (1923), première production la plus coûteuse de l’histoire d’Hollywood. Tourné dans le désert californien, ce péplum se déroule au sein d’un décor monumental de ville antique qui, parce qu’il était difficilement stockable en studios, fut volontairement ensablé, jusqu’à ce qu’il soit progressivement découvert par des archéologues à partir des années 60. Présentées ainsi, ces (fausses) sculptures évoquent autant le chantier de fouille, dans lequel celles-ci auraient été découvertes, que le dispositif muséal dans lequel les décors du film ont fini par être exposés. Mettant en scène une archéologie aussi artificielle que le décor retrouvé, Zuzanna Czebatul met au même niveau plusieurs strates historiques : l’antiquité égyptienne, l’exode du peuple juif, le cinéma hollywoodien, l’archéologie contemporaine et les migrations actuelles. Ce nivellement, incarné par la présence toute aussi physique que métaphorique du sable dans l’exposition, évoque une postmodernité qui ne semble jamais en finir de même que la manière dont l’histoire et les idéologies fluctuent en fonction des basculements du pouvoir. Zuzanna Czebatul nous place face au « désert du réel » (5) de notre époque contemporaine où les origines du pouvoir ne sont pas aussi naturelles et neutres qu’elles n’y paraissent : elles sont le plus souvent issues de multiples fictions produites arbitrairement. De tout temps, la culture dissimule l’idéologie du moment. A chacun de savoir l’identifier.

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(1) Son produit par le frottement des grains de sable lors des déplacements de dunes dans le désert.
(2) Technique artistique ancienne qui utilise du marbre, de la nacre ou du verre, coupés et marquetés, au sol ou au mur, afin de représenter une image ou des motifs décoratifs.
(3) La synagogue a été dynamitée en 1944 par les allemands, ne laissant subsister que les murs extérieurs.
(4) Dans l’antiquité égyptienne, les sphinges n’existaient pas, il n’y avait que des sphinx avec, par définition, des attributs corporels strictement masculins. 
(5) Expression du philosophe Jean Baudrillard, extraite de Simulacre et Simulation, Edition Galilée, Paris, 1981.

 

 

L'exposition bénéficie du soutien de l'Institut Polonais, du Goethe Institut Nancy et de Dyckerhoff.

      

 

 

Elle se déroule dans le cadre de l'opération "Plein Soleil 2020 - L'été des centres d'art contemporain" organisée par d.c.a (Association française de développement des centres d'art contemporain).

 

Le centre d’art contemporain – la synagogue de Delme et Zuzanna Czebatul souhaitent remercier Esther Mikuszies et Julia Viering ainsi que toute l’équipe du Goethe Institut de Nancy ; Anna Biłos et Natalia Barbarska de l’Institut Polonais de Paris ; les étudiants de l’ESAL de Metz en stage sur le montage : Julie Ibrahim et Olivier Petitprez ; Valentin Wattier pour son aide précieuse ; Adam Tailleur, stagiaire de 3ème du collège Saint Joseph La Salle d'Auxerre ; les employés communaux de Delme pour leur patience et pour nous avoir permis d’utiliser leur atelier pendant un mois ; SISTROM ; l’entreprise Dyckerhoff ; l’entreprise France-Lanord & Bichaton pour leurs conseils avisés ; Jean-Jacques Dumont ; Philippe Brunella et le service des publics du Musée de La Cour d’Or de Metz ; l’Office du tourisme du Pays du Saulnois.

Zuzanna Czebatul est née en 1986 à Międzyrzecz (Pologne). Elle est diplômée de la Städelschule de Francfort et de l'Universität der Künste à Berlin. Elle vit et travaille à Berlin.

Son travail a été récemment présenté lors d’expositions personnelles à GGM1 City Gallery, Danzig ; IG Metall Haus, Berlin ; CCA Futura, Prague ; CCA Ujazdowski Castle, Varsovie ; 83 Pitt Street, New York ; Mélange, Cologne ; Piktogram, Varsovie ; Gilmeier Rech, Berlin ; Bad Reputation, Los Angeles ; Mini/Goethe-Institut Ludlow 38, New York … et lors d’expositions collectives à Somerset House, Londres ; Kunsthalle Lingen ; Kunsthalle Bratislava ; Musée d’art moderne de Varsovie ; Exile Gallery, Berlin ; Tenderpixel, Londres ; Contemporary Art Museum, St.Louis…

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